Guantánamo, le charme d’une ville défigurée

Au-delà du camp militaire, Guantánamo est une ville qui danse et qui chante, en attendant le départ des Américains.

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Cuba, ses voitures des années cinquante, ses cigares, sa musique… et sa base navale américaine. Une zone de défense louée depuis le 23 février 1903 par les États-Unis dans la baie de Guantánamo. Le contrat, signé par le président Theodore Roosevelt, prévoit qu’il ne peut prendre fin que via une décision bilatérale et inclut un dédommagement de… 4.000 dollars annuels. Depuis 1959 et le régime castriste, Cuba refuse d’encaisser les chèques, arguant que le bout de terre a été cédé sous la contrainte.

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Avant le 11 septembre, la base navale de Guantánamo servait principalement à héberger les militaires et leur famille, vivant en quasi-autarcie, et à lutter contre le trafic de drogues dans les Caraïbes. Mais depuis 2002, Guantánamo s’est révélé aux yeux du monde comme l’endroit accueillant les détenus les plus dangereux, envoyés là sans jugement. Leurs droits y sont régulièrement bafoués et les États-Unis doivent souvent s’excuser d’y avoir emprisonné un innocent. Bref, Guantánamo, pour le grand public, c’est pas la joie. Et pourtant, autour de cette base navale de 120 km² se dresse d’abord une baie luxuriante, entre les montagnes et la mer. Ensuite, la ville vit en marge du conflit qui oppose les deux grands ennemis de la région, avec une histoire, une population et un charme tout cubains. De l’avis général, elle est probablement la ville du pays qui a été le moins influencée par la culture américaine.

C’est donc là qu’il faut se rendre pour ressentir un lien profond aux racines cubaines. Notamment via la musique traditionnelle, à laquelle les habitants de Guantánamo sont attachés et qu’ils considèrent travestie par le tourisme à La Havane. Guantánamo pratique en ses murs la “tumba francesa”, ensemble de musiques et de danses reconnu en 2003 patrimoine oral et immatériel de l’humanité par l’Unesco. Là-bas, tous rêvent de la fin de l’occupation américaine. Et imaginent déjà comment se servir de la base pour attirer les touristes.

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