

Quand elle parlait, on se taisait. Quand elle disait, on écoutait. Incarnation d’une conscience politique qui, partant de la question raciale, avait construit un discours plus large sur les leviers de domination, Toni Morrison restera l’une des grandes voix de la littérature américaine. Son prix Nobel l’atteste, Toni Morrison a élevé la littérature au rang de passeport humaniste universel et a travaillé pour une meilleure circulation de la parole entre les communautés, déconstruisant toutes les mécaniques du racisme - des plus voyantes ou plus insidieuses. Son œuvre - de Beloved, son chef-d’œuvre, à Délivrances, très beau dernier roman paru il y a quatre ans - explore l’histoire afro-américaine évoquant des thématiques populaires dont elle disait que seule Nina Simone savait mieux les aborder dans ses chansons. Soutien de Barack Obama - même si, dans le cadre de l’affaire Lewinsky, elle a écrit que Bill Clinton était le “premier président noir américain, plus noir que n’importe quel Noir”, elle est devenue une personnalité si respectée qu’on peut aisément la qualifier de sage.