
Turquie : comment y voir plus clair?

Si les choses sont tendues depuis un bon moment en Turquie, Arte avait programmé cette soirée Thema bien avant les événements qui se déroulent aujourd’hui dans le nord de la Syrie. Hasard de calendrier. Mais surtout une excellente occasion de comprendre ce qui se passe là-bas, en se plongeant dans une série de documentaires qui racontent l’histoire très com-plexe de cette terre décrite comme une “nation impossible”. Le premier zoom est fait sur deux figures emblématiques d’un pays à peine âgé d’un siècle. D’un côté, Mustafa Kemal, alias Atatürk (“le père des Turcs”), qui fut le premier président de la République et dont les idées à la fois révolutionnaires, laïques et tournées vers l’Occident ont fait de lui un personnage phare de l’évolution des mentalités, et ce jusqu’à sa mort en 1938. De l’autre côté, l’ambigu Recep Tayyip Erdogan, un dictateur qui joue avec la patience de l’Europe, de l’Otan et de tous ceux qui ont un jour osé lui faire confiance. Un réactionnaire pur et dur, sorte de sultan en quête de puissance mais qui, l’air de rien, possède un point commun avec Atatürk: le mythe d’un pays uni, fort, respecté, capable de faire cohabiter les religions et les peuples.
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Le problème d’Erdogan est relaté dans le deuxième reportage, qui revient sur les dix-huit années de montée en puissance de ce leader qui, au nom de ses idéologies, sacrifie les libertés des Turcs, des intellectuels et de tous les opposants. Son parti a notamment durci le ton après le putsch militaire avorté de 2016 qu’Erdogan attribua à la confrérie musulmane de l’imam Gülen, objet du troisième documentaire. Tout cela est ardu à suivre. Mais chacun y verra (un peu) plus clair.