"The Loudest Voice": l'histoire de Fox News et son fondateur dans une série remarquable

Costard et cravate serrée, embonpoint marqué et détenteur d’un empire de plusieurs milliers de dollars. La comparaison entre Roger Ailes, l’ex-patron de Fox News (aujourd’hui décédé), et Harvey Weinstein saute directement aux yeux. Et les similitudes entre les deux hommes s’enchaînent tout au long des épisodes de The Loudest Voice. Basée sur le livre du journaliste Gabriel Sherman, la série raconte l’histoire de la chaîne américaine Fox News, de sa création par Roger Ailes en 1996 jusqu’aux accusations de harcèlement sexuel qui l’amèneront à quitter son entreprise en 2016. Chaque épisode se concentre sur un événement marquant de la chaîne: sa création, les attentats du  11 septembre, l’élection de Barack Obama, jusqu’à l’arrivée en poli-tique de Donald Trump, énormément soutenu par Ailes.

Pour incarner cet homme dont la vision du journalisme est plus que préoccupante (“Les gens ne veulent pas être informés, ils veulent se sentir informés”, lâche-t-il dès le premier épisode), la production a choisi Russell Crowe. Méconnaissable sous les 30 kilos pris pour le rôle et encombré par des prothèses faciales, l’acteur livre une performance qui, on l’espère, lui vaudra certainement une récompense. Transpirant et rouge de colère dans des scènes d’engueulade mortifiantes, immonde dans des scènes de harcèlement sexuel, Crowe s’est surpassé pour ce rôle qui lui colle (malheureusement pour lui) merveilleusement à la peau.

À travers ce portrait historique d’Ailes et Fox News, c’est bien la naissance des fameuses “fake news” que The  Loudest Voice s’attelle à nous montrer, ainsi que la complexe intrication entre médias et politique. Avant de devenir le patron historique de Fox News, Ailes fut conseiller en médias de Richard Nixon, Ronald Reagan et George Bush. Son soutien plus qu’appuyé à Donald Trump et  subtilement représenté dans la série n’a donc rien de surprenant. Fruit d’une collaboration entre Tom McCarthy (Spotlight) et  Alex Metcalf (Sharp Objects, UnReal), The Loudest Voice est un récit brillant que l’on regarde avec autant de dégoût que de délectation.

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