
"Le magicien d'Oz", un classique à (re)découvrir

Dans son Kansas natal en noir et blanc (que Vidor semble montrer dans la réalité âpre de la Dépression), Dorothy est une jeune fille facétieuse, mais centrée sur son petit univers de la ferme où, orpheline, elle vit avec son oncle, sa tante et surtout son chien Toto, que l’acariâtre Miss Gulch déteste au plus haut point. Un jour, après une tornade, Dorothy se réveille dans le pays d’Oz (en Technicolor flamboyant), peuplé de nains rigolos, protégés par la bonne sorcière du Nord. Pour sauver Toto et rentrer chez elle, Dorothy doit s’emparer des chaussures rouges de la méchante fée de l’Ouest, puis obtenir une audience avec le magicien d’Oz.
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Constitutif de la pensée américaine (l’esprit du road movie, l’aventure que représente la découverte de soi, le Bien qui doit triompher du Mal…), le grand classique hollywoodien Le magicien d’Oz a pourtant failli ne jamais voir le jour. À l’origine, le rôle de Dorothy devait être tenu par la petite star Shirley Temple (que la Fox refusa de prêter à la MGM) et les conflits autour de ce film au budget colossal épuisèrent pas moins de cinq réalisateurs (dont les grands Fleming, Cukor et Vidor). C’est ça aussi l’ambivalence du grand rêve américain. Tout comme est ambivalent le but même de Dorothy : à la fois rêver un monde meilleur avec des rencontres merveilleuses (le lion peureux, l’homme de fer sans cervelle qui va inspirer C-3PO à Lucas…) quand elle chante Over The Rainbow, et le désir impatient de retrouver son foyer, répétant sans cesse: “Il n’y a pas de meilleur endroit que chez soi” (mantra que n’oubliera pas Spielberg pour E.T.). Il lui aura fallu paradoxalement prendre la route pour s’en rendre compte…