
"Grâce à Dieu" de François Ozon: pour que la loi du silence cesse

L’affaire Barbarin, du nom de l’archevêque de Lyon, n’a hélas rien d’une fiction: l’ecclésiastique est poursuivi pour non-dénonciation d’agressions sexuelles commises par un prêtre abuseur, le père Preynat, pendant plusieurs décennies. Le procès en appel de l’archevêque, initialement condamné à six mois de prison avec sursis, s’est tenu fin novembre, la décision étant attendue ce 30 janvier. En s’attachant au parcours authentique et à la quête de justice de trois hommes, anciennes victimes du père Preynat, le film ne cherche pourtant pas à crier vengeance, ni à dresser un portrait exclusivement à charge de l’Église et de ses serviteurs, mais bien à cerner les errements d’une institution ayant pratiqué la loi du silence pendant trop longtemps.
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Et le chemin à parcourir semble encore bien long: aussi incroyable que cela puisse paraître, les producteurs de Grâce à Dieu eurent bien du mal à trouver les financements nécessaires pour mener leur projet à bien, tant le sujet reste sensible. Et tourner à Lyon ne fut pas plus aisé pour François Ozon: “Des contacts sur place m’ont fait comprendre que l’Église possède de nombreux réseaux et un pouvoir énorme dans cette ville. J’ai donc décidé de tourner les scènes d’extérieurs en quatre jours et sous un nom de code”. Par ailleurs, une action en justice intentée par les avocats du père Preynat - dont le procès n’a toujours pas eu lieu - tenta, sans succès, de faire reporter la sortie du film en salle. La démarche du réalisateur n’en apparaît donc que plus utile pour que, grâce à lui et à ceux qui œuvrent en ce sens, la loi du silence cesse enfin.