Tatiana Silva : en équilibre entre la France et la Belgique

Avec Exclusif sur RTL TVI, l’animatrice belge fait son retour dans notre paysage médiatique, tout en continuant ses émissions avec le groupe TF1.

tatiana Silva
Tatiana Silva ©Belga

Il y a plus de 10 ans, Tatiana Silva devenait présentatrice de la météo sur la RTBF. Son visage devenait alors familier pour de nombreux belges voulant trouver une réponse à la légendaire question : Quel temps ferat-il demain ?

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En 2013, elle traverse la frontière pour rejoindre M6 avant d’arriver chez TF1. Là, on lui offre l’opportunité de présenter deux magazines : 90 minutes Enquête et Les Docs du weekend. Grâce à cette expérience, RTL fait appel à elle pour présenter leur nouveau magazine de société : Exclusif.

Quel est ton rôle au sein de ce magazine Exclusif ?

Il y a un rôle premier qui est d’être la vitrine et de porter l’émission pour lui donner un visage. On n’a pas inventé ce principe, que ce soit chez RTL ou sur les autres chaînes depuis que les émissions magazines existent. On présente l’émission en donnant un résumé et en annonçant ce qu’on va voir dans quelques instants. Donc, quelque part, on a un lien très fort avec le téléspectateur.

Mais, tu participes aussi au choix des sujets ?

Pour les trois premiers sujets, je n’ai pas choisi. Ça avait déjà été fait en amont parce que je n’étais pas encore rentré dans l’équipe. Maintenant, il y a plusieurs sociétés de productions qui nous contactent. On a aussi pour projet de produire nos propres reportages. Dans tous les cas, je vais pouvoir participe au choix dans le futur et, je vais voir ce qui me plaît, ce qui m’intéresse et ce qui est en lien avec l’actualité d’aujourd’hui. Le choix des sujets dépendra surtout de l’ADN du programme qui est d’abord d’avoir quelque chose d’exclusif. C’est-à-dire quelque chose qui n’a pas été diffusé en Belgique francophone. Sinon on finit par se tirer une balle dans le pied. C’est du déjà-vu et ça n’a plus aucun intérêt. Exclusif veut aussi dire : des sujets qui ne sont pas atypiques parce qu’on les connaît, mais qui sont traités d’une manière nouvelle et récente.

Tu travailles aussi en France. Quels sont les différences dans la façon de construire un magazine ?

Alors, au risque de décevoir les gens, c’est vrai qu’on est un plus petit pays et qu’on a toujours l’impression qu’en Belgique, c’est un peu plus cool. Mais, en réalité, on est assez professionnels et assez carrés dans la manière d’aborder les choses. La grosse différence, ce sont les moyens. En France, ils peuvent investir plus d’argent dans les lumières, dans les transitions de caméras…Tout est plus grand. Après, par rapport aux moyens qu’on a, je trouve qu’on n’a pas vraiment à rougir de ce qu’on produit. Que du contraire. On a une liberté en Belgique. Comme les enjeux sont importants mais peut-être un peu moins qu’en télé française, on prend plus de risque. Et ça donne parfois des pépites, des choses qu’on n’aurait jamais pu avoir en France et qui sont parfois d’ailleurs reprises par les français. On a un ton qui n’existe quasiment plus en France. Peut-être encore une émission comme Quotidien qui peut se donner un ton et une liberté un peu plus grande même si c’est déjà très formaté. TPMP aussi, Ils ont un peu innovés. Mais sinon, tout est très cadenassé. En Belgique, on se permet plus de chose. On se dit qu’on va essayer et on tente. Et après, il y a des trucs qui émergent et on se dit que c’est incroyable.

Tu as commencé par la météo, ensuite tu t’es mise à présenter des émissions et maintenant tu interviewe aussi des invités en plateau. C’est quoi la prochaine étape ?

Moi, j’ai terriblement envie d’être en contact avec les gens. L’humain me fascine, je le dis depuis toujours. Les gens m’intéressent réellement. Et je pense que si mon parcours avait été différent, j’aurais peut-être fait des études de journalisme pour vraiment me donner à fond là-dedans. Après, ce sont des chemins détournés que j’ai emprunté et qui prennent plus de temps. Mais, je suis en train d’y arriver. Ça fait 10 ans et c’est en train de basculer. Je pense qu’il n y a pas de prochaine étape mais ce dans quoi j’aimerais me diriger, c’est plus d’interview, plus de terrain. Et le spectre est large. Ça pourrait être dans l’information, dans la psychologie humaine, dans le témoignage… Je ne sais pas encore. J’ai eu tout une période de vie où j’ai fait des plans de carrière et des envies précises. Et, maintenant les envies émergent comme des évidences.

Revenir en Belgique était une de ces évidences ?

Oui. Je ne savais pas comment mais je m’étais dit que j’aimerais bien retravailler en Belgique, avoir cette opportunité. Après, il fallait être très conscient que, du côté francophone, il n’y a que deux chaînes : la RTBF que je connaissais et RTL où je n’avais jamais mis les pieds pour travailler. A côté de ça, mes conditions sont particulières. J’ai un temps plein en France. Donc, il fallait trouver une émission qui pouvaient être diffusée mais qui restait flexible en termes d’enregistrement et de possibilité. Parce que si c’est une quotidienne, ce n’est pas possible. Si c’est en direct, je ne peux pas le garantir tout le temps donc c’est compliqué. Ici, c’est une seule opportunité mais qui est vraiment taillée pour moi. On peut se mettre d’accord sur les enregistrements. Je peux faire mon travail, j’ai le temps de m’en occuper. Voir les documentaires, voir les articles, interroger, façonner…C’est génial. C’est presque du « à la carte ».

Le rythme entre ici et la France n’est pas trop compliqué ?

C’est parfois un peu schizophrénique. Mais je commence à m’y faire. J’ai besoin de la Belgique pour être en équilibre en France. C’est assez paradoxal. Je ne peux pas vivre en Belgique tout en travaillant en France parce que, d’abord, j’ai un temps plein. Et, en plus, si tu veux te donner la chance de profiter pleinement des opportunités françaises et de connaître cette vie à Paris, il faut y être. Si tu vis en Belgique, tu ne fais que mettre un pied, tu ne t’intègre jamais et tu ne profites pas des opportunités extraordinaires : que ce soit faire des expositions, aller à des rendez-vous, faire des rencontres. Donc, pour moi, aujourd’hui à 35 ans, le meilleur des mondes à l’instant, qui changera peut-être dans 6 mois ou dans deux ans, c’est de vivre à Paris et de pouvoir faire mes allers-retours à Bruxelles. Et pour l’instant, ça me va. Je ne suis pas encore devenue folle. Je ne m’endors pas encore sur le quai de la gare.

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