
Michael Jordan et les Bulls, stars d’un documentaire phénomène

Pour les confinés que nous sommes, logique que parmi les différents hobbys, loisirs et autres occupations encore accessibles, l’écran et les plateformes de streaming se taillent la part du lion. Un programme, sorti pendant cette crise du Covid-19, a fait énormément parler de lui et a un succès fou. Pourtant, il ne ressemble pas vraiment aux séries les plus populaires de ces dernières années. Loin des braquages en espagnol et autres épopées fantastico-médiévales, il s’agit d’un documentaire, à base d’interviews et d’images d’archives, et en 10 partie d’une heure qui plus est.
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Mais pour quel sujet les spectateurs sont-ils prêts à regarder 10 heures de documentaire ? La réponse peut surprendre : Michael Jordan.
En effet, depuis les 20 avril, Netflix propose chaque lundi à ses abonnés deux nouvelles parties de « The Last Dance ». C’est la chaine sportive américaine ESPN qui a produit ce documentaire épisodique en collaboration avec la plateforme de streaming au N rouge. Elle diffuse chaque dimanche soir deux épisodes pour le public américain. Et le lendemain, ils sont disponibles à travers le monde en streaming. Les plus rapides l’auront compris, ce lundi 18 mai marque donc la sortie des deux derniers épisodes de ce qu’on peut, sans prendre de pincettes, appeler une véritable saga.
The Last Dance aborde la saison 97-98 de la NBA, la dernière de Jordan dans l’équipe qui l’a rendu célèbre, les Chicago Bulls. C’est un moment important puisque, après avoir été champions 3 années d’affilée entre 91 et 93, ce que les américains appellent un « three-peat », les Bulls avaient la possibilité d’être la première équipe à en effectuer un second, après avoir remporté le championnat en 96 et 97. Exploit qu’ils ont bien entendu réussi et qui, à ce jour, n’a pas encore été égalé. Malheureusement pour les fans de Chicago, c’est également la dernière fois que leur équipe a remporté la finale de la NBA.
Pas des amateurs
Derrière les caméras, on retrouve le réalisateur Jason Hehir, les producteurs Mike Tollin et Jon Weinbach, habitués des docus sur le sport, et les équipes d’ESPN Films, fréquemment louées par la critique notamment pour le fameux « OJ : Made in America », 5 fois 2h30 sur la vie de OJ Simpson et son célèbre procès, Oscar du Meilleur Documentaire 2017.
L’équipe se sert de cette historique dernière saison de Jordan chez les Bulls comme fil conducteur, leur permettant de revenir chronologiquement sur différents moments importants de la carrière de « MJ », de ses débuts à l’Université de Caroline du Nord jusqu’à la saison 96-97, l’avant-dernière donc. Et là où le documentaire est particulièrement intéressant, c’est qu’il contient pour la première fois les images qu’une équipe d’ESPN a pu filmer lors de la fameuse saison 97-98. A l’époque, des caméras suivaient les Bulls en permanence, partout, aux entrainements, en déplacement et jusque dans les vestiaires. Un accord exceptionnel qui avait pu être conclu entre la chaine sportive et Michael Jordan, à une seule condition.
« Il n’y a eu aucune négociation », a expliqué Adam Silver, à la tête de la section Divertissement de la NBA à l’époque. « Tout ce que j’ai dit c’est « Je sais qu’il y a une aura dure négociation à un moment, mais elle ne doit pas avoir lieu maintenant. Parce qu’avant tout, nous devons filmer ». Alors l’accord que nous avions trouvé est qu’aucun d’entre nous ne puisse utiliser ces images sans la permission de l’autre. »
Ces images étaient donc dans les tiroirs d’ESPN depuis des années. De nombreux réalisateurs ont voulu en faire un documentaire, mais le producteur Mike Tollin fut le premier à convaincre Jordan de lui donner l’autorisation, en février 2016, de transformer ces images en film.
L’autre point fort du programme est son incroyable nombre de témoignages récoltés. Michael Jordan commente évidemment tout du long, mais c’est aussi le cas de ses entraineurs, équipiers et adversaires des différentes époques, mais aussi de nombreux journalistes et commentateurs, sans compter quelques guests de prestige, comme un certain Barack Obama, qui apparait en sa qualité « d’habitant de Chicago » !
Record battu
Si le documentaire fait énormément parler de lui dans la presse et les réseaux sociaux, ce n’est pas que pour sa qualité, c’est également pour sa popularité. Le premier soir, les épisodes 1 et 2 ont été vu par une moyenne de 5,3 millions de téléspectateurs, battant le record du programme le plus vu de la chaine, qui n’avait pas été dépassé depuis plus de 15 ans.
Le lendemain de la diffusion, et donc le jour de la mise en ligne par Netflix, le hashtag #TheLastDance faisait à chaque fois partie des sujets les plus discutés sur Twitter. Et si le géant du streaming est toujours discret côté statistiques, d’après Parrot Analytics, une société de recherche et analyse de données sur l’industrie du divertissement, The Last Dance est devenu le documentaire le plus populaire au monde, dépassant le phénomène Tiger King.
Outre l’augmentation du temps libre de nombreuses personnes et sa qualité, plusieurs facteurs peuvent être avancés quant à la popularité de la série. The Last Dance est sorti pendant une période où le monde du sport était à l’arrêt, ce qui a dû plaire aux mordus de ballon. Mais aussi le fait que Michael Jordan, bien qu’il ait été une superstar mondiale dans les années 90, reste une figure populaire de nos jours, même chez les plus jeunes. Notamment par sa marque de vêtements et de baskets, toujours plus populaire, les différents memes et gifs à son effigie, nombreux sur Internet, ou encore son « grand » rôle au cinéma aux côtés de Bugs Bunny dans Space Jam, film d’ailleurs disponible… sur Netflix.
De son côté, ESPN continue à produire et diffuser des documentaires. Le prochain qui devrait faire de bruit sera sûrement LANCE, un film en deux parties sur la carrière du cycliste Lance Armstrong.