
Fort comme le Rochefort

Un éléphant, ça pleure énormément: c’est ce qu’ont dû penser tous ceux qui ont appris le décès du comédien, le 9 octobre 2017. Car en 60 ans de carrière, l’homme à la moustache légendaire avait conquis depuis longtemps le cœur du public.
La lecture de votre article continue ci-dessous
À la fois élégant et facétieux, Rochefort alternait les rôles comiques et dramatiques avec la même aisance, comme on le verra dans Tandem, aux côtés de Gérard Jugnot, ce lundi sur Arte. Il y incarne un animateur radio en fin de parcours, sur le point de se faire éjecter par une direction qui le juge ringard. Ce personnage, tour à tour drôle et profondément mélancolique, offre à l’acteur un de ses meilleurs rôles et dévoile sans doute une des facettes de sa personnalité. Celle d’un ancien élève médiocre qui, au grand désespoir de son père qui voulait en faire un comptable, décida d’embrasser une carrière artistique. “La guerre arrangera tout!”, commentera le paternel, préférant voir Américains et Soviétiques - alors en pleine guerre froide - déclencher un troisième conflit mondial, plutôt que de voir son fils devenir acteur!
Ne se laissant pas décourager par ces paroles, Jean entrera au Conservatoire où il s’y fera des potes pour la vie: Claude Rich, Belmondo, Marielle. “Avec nos physiques un peu particuliers, on nous affublait toujours de perruques et de barbes pour nous faire incarner des vieillards, ce qui nous donnait de grands complexes”, expliquera-t-il. Lui et ses copains prendront leur revanche en s’installant au panthéon du cinéma français, avec comme seul grand regret pour Rochefort, passionné d’équitation, d’avoir dû abandonner le tournage du Don Quichotte de Terry Gilliam à cause d’une hernie discale.
Raconté par Catherine Frot et agrémenté d’archives inédites et de nombreux témoignages, comme celui de son fils Julien, le documentaire qui suit Tandem dresse le portrait d’un homme à l’image du comédien qu’il était: irrésistible.