Bowie, le crépuscule de l’idole

Diffusion le 30 décembre à 0h15 sur La Trois

"Cinq ans, c’est tout ce que j’ai” disait déjà Bowie dans le dernier concert en Ziggy Stardust filmé par Pennebaker en 1973 et diffusé ce vendredi sur Arte (à 0h15). Un inratable, capturé par le maître du concert. Mais les cinq véritables dernières années arriveront bien plus tard, de 2011 au 10 janvier 2016.

Elles ont été créatives et conscientes de leur finitude. Le compte à rebours du Major Tom était lancé. “The Next Days”, “Blackstar”, la comédie musicale Lazarus, œuvres de cette période majeure, apparaissent a posteriori codicilles et signature d’un testament musical. Après le fourmillant David Bowie en cinq actes, centré sur les moments charnières de sa carrière, le réalisateur anglais David Whately se concentre sur sa fin, sans transformer son film en panthéonisation.

On y découvre la légende au travail, rongé par le cancer mais debout, précis, perfectionniste, roi du mystère et de la mise en scène (jusqu’à tirer sa révérence deux jours après la sortie de son ultime album), le coin de l’œil pétillant d’humour aussi, élégant, toujours. Tony Visconti, le producteur fidèle, évoque les enregistrements de “Blackstar”, la concentration, les pages de textes, les horaires de studio réguliers, pour stocker l’énergie jusqu’à la ligne d’arrivée. Il nous fait le cadeau du son, a cappella, de l’ultime piste, de ce “Regarde là-haut, je suis au paradis”, capturé dans un soupir.

Ce n’est pas la seule exclusivité du reportage. Ses musiciens nous racontent sa volonté d’aller jusqu’au bout. Les allers-retours vers les archives alternent avec les images actuelles. On remonte le temps jusqu’aux débuts, aux sixties, au glam-rock, à l’androgyne, à Berlin, à toutes ces Faces qui sont ce personnage et cet homme qui se dévoile alors qu’il se sait condamné. Un documentaire ultime, dans tous les sens du terme.