
Des patates douces-amères

Diffusion le mercredi 3 à 20h20 sur La Une
La frite surgelée est un univers ultra complexe, source de nombreux incidents souvent passés sous silence, étudiés notamment par le journaliste Nicolas Taiana.
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De quel constat êtes-vous parti? On a découvert que beaucoup d’accidents se produisaient dans les entreprises de frites surgelées et qu’il y avait peu de place pour la concertation sociale. Les usines sont surtout flamandes avec à leur tête d’anciens négociants patatiers devenus barons de l’industrie à partir des années 90. Aujourd’hui, la Belgique exporte sa frite au Brésil, au Pérou, en Arabie Saoudite. Pour satisfaire cette demande, les industriels ont mis le paquet et investi dans des lignes de production, mais ont rarement pris le temps de former les travailleurs, dont la protection est négligée.
La question est tabou? On savait bien que ce serait compliqué d’avoir Clarebout, la plus grosse entreprise. Sur place, on a été suivi et le porte-parole a fait une heure de route pour venir à notre rencontre, mais nous n’avons pas eu droit à une interview. Mydibel a été la seule entreprise à nous ouvrir ses portes, mais par la suite, on a découvert qu’ils nous avaient caché des éléments.
D’autres problématiques sont apparues au fil de l’enquête… Des soupçons pèsent sur au moins trois entreprises quant à leur traitement des eaux usées et aux performances de leurs stations d’épuration, sous-dimensionnées. Puis il y a le volet "agriculture". Beaucoup de cultivateurs sont parvenus à gagner leur vie grâce à des contrats conclus avec l’industrie, mais elle les met sous pression. Si l’agriculteur ne fournit pas la quantité fixée sur contrat par exemple, il doit payer la différence. La frite belge, c’est une success-story économique, mais un modèle à contre-courant des problématiques actuelles.