
Emmanuelle: La plus longue caresse du cinéma français

Diffusion le 25 juin à 22H30 sur Arte
“Un poète disait: “Je fais des vers sans en avoir l’air”. C’est peut-être la même chose avec moi et l’érotisme: je ne le fais pas exprès. ” Et c’est vrai que rien ne prédisposait Sylvia Kristel, jeune mannequin assez pudique de 20 ans, à incarner un personnage aussi libéré.
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Peut-être même serait-elle restée dans un relatif anonymat si elle ne s’était pas trompée de porte en se rendant au casting d’une pub pour une machine à laver. C’est là qu’elle tape dans l’œil de Just Jaeckin, un réalisateur qui cherche son héroïne pour un film coquin, Emmanuelle, adapté du roman éponyme et basé sur les souvenirs libertins sulfureux d’une certaine Emmanuelle Arsan, en réalité le pseudo de l’épouse d’un diplomate français.
Et en cet après-Mai 68, la France, justement, éprouve un besoin de liberté à tous les niveaux, y compris sexuel. Trop longtemps corsetée dans les mœurs rigides et la bonne morale chrétienne, une partie de la société a envie de jouir sans entraves. Le succès du Dernier tango à Paris, en 1972, va persuader un producteur roublard, Yves Rousset-Rouard, de proposer au public un spectacle à l’érotisme chic et esthétisé. Le tournage sera rocambolesque (“Honnêtement, j’ai eu l’impression de participer à un navet, en pensant que ce serait mon premier et dernier film”, en dira plus tard la costumière), mais contre toute attente, les spectateurs se déplaceront en masse – y compris en couple et entre amis! – pour fantasmer en toute décontraction devant Emmanuelle. À tel point que le film rassemblera près de 350 millions de spectateurs à travers le monde et restera douze ans à l’affiche sur les Champs-Élysées!
De ce triomphe, Sylvia Kristel gardera une image qui lui collera à la peau, tout en faisant d’elle l’emblème de la femme libérée des années 70, grâce à un rôle déshabillé drôlement culotté.