
La dernière nuit du monde

Diffusion le 23 juillet à 23h15 sur La Trois
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Événement de la rentrée théâtrale à venir (on devrait la voir au Théâtre de Liège et au National), La dernière nuit du monde a été présentée au Cloître des Célestins d’Avignon durant le festival. Excusez du peu. Normal, cette création réunit les talents de Fabrice Murgia (à la mise en scène et dans l’un des rôles principaux) et Laurent Gaudé (prix Goncourt 2004 pour Le soleil des Scorta). Jouons franc-jeu : à l’heure où nous écrivons ces lignes, antérieure à la représentation d’Avignon, nous n’avons pas encore pu voir la pièce. Ça n’empêche pas de frétiller d’impatience !
D’abord parce que le projet donne l’occasion au duo de se retrouver, après l’opéra Daral Shaga de 2014. Ensuite parce que la forme comme le fond de cette nouvelle collaboration semblent aussi innovantes qu’interpellantes (tout en restant accessibles). Basée sur l’essai de Jonathan Cary, 24/7 : Le Capitalisme à l’assaut du sommeil, elle imagine en effet un monde où l’homme n’aurait plus besoin de dormir. Un monde sans repos, sans pause, où une pilule permet, en 45 minutes, de récupérer la fatigue de sa journée. Sur le papier, la proposition tient du fantasme, comme du cauchemar. La vie, sans rêves ni lit, permettrait effectivement d’accomplir bien des objectifs, de remplir son existence, mais aussi de se perdre dans la frénésie de l’action, de la consommation, du travail, de l’efficience à tout prix. Dans sa présentation du spectacle, Laurent Gaudé développe son message: ”La nuit questionne nos vies, interroge note finitude. Déjà dans L’épopée de Gilgamesh, le héros mésopotamien voulait s’affranchir du cycle du sommeil : tenir éveillé plus de six jours pour devenir immortel. Des siècles plus tard, sommes-nous sur le point de réussir ? Et si oui, que serons-nous dorénavant ?” Pour incarner ces problématiques, leur donner chair et émotion, on retrouve sur scène un couple: Gabor (Fabrice Murgia) et Lou (Nancy Nkusi), lui, fonce dans le mur du progrès. Elle… disparaît.