
De Summer of Soul à Schmigadoon: le meilleur du streaming à rattraper ce week-end

Disney+
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Summer Of Soul
L’été 1969 est connu comme étant celui du festival de Woodstock, un événement dont l’aura doit beaucoup à son public - 400.000 spectateurs qui, sur le site, ont autant fait le spectacle que les artistes invités sur la scène. Mais l’été 1969 est aussi celui du Harlem Cultural Festival, rassemble ment festif célébrant la fierté noire oublié de l’histoire et perdu dans les souvenirs de ceux qui y ont assisté. Ces six concerts gratuits se tiennent du 29 juin au 24 août dans le Mount Morris Park à Harlem et alignent la crème de la musique noire de l’époque - Stevie Wonder, Sly And The Family Stone, Mahalia Jackson, Nina Simone, BB King, The Stapple Singers, The 5th Dimension, Gladys Knight And The Pips… Toutes les performances sont filmées par une équipe dirigée par Hal Tulchin qui ne trouvera jamais le financement pour produire le documentaire prévu. Seuls quelques extraits du festival sont diffusés à la télé avant que les bobines originales ne disparaissent de la circula tion, entreposées Dieu sait où pendant cinquante ans. Retrouvées, ces images - belles et lumineuses - servent d’épine dorsale au premier film d’Ahmir “Quest love” Thompson du groupe hip-hop The Roots, Summer Of Soul (… Or, When The Revolution Could Not Be Televised). Remis dans le contexte social et politique de l’époque (après les assassinats de Malcolm X, Mar tin Luther King et Robert Kennedy), l’événement de Harlem montre une foule à l’unisson de son temps, personnage principal d’un film qui rappelle combien la musique - gospel, jazz, soul - est intimement liée à l’émancipation de la communauté afro-américaine. Aux prestations des artistes (magnifique Nina Simone en princesse africaine, bouillant Ray Barretto en digne ambassadeur des voisins portoricains) se mêlent les interventions de Tony Lawrence, maître de cérémonie, John Lindsay, maire de New York, et d’un certain Jesse Jackson, jeune révérend qui, cinquante ans plus tard, témoigne de cet événement dont l’impact a été classé sans suite par les instances de la culture populaire. - S.M.
Netflix
Braquages d’anthologie
Cela fait quelques mois que les documentaires “true crime” cartonnent. De même pour les séries sur les braquages, comme on le voit avec La Casa de Papel et Lupin. Et ça, Netflix l’a bien compris. Avec Braquages d’anthologie, la plateforme de streaming innove en combinant les deux genres. Ce documentaire produit par Dirty Robber, la compagnie récompensée par l’Oscar 2021 pour Two Distant Strangers, est composé de six épisodes, chacun d’une durée d’environ quarante minutes. Il explore trois des braquages les plus rocambolesques de l’histoire des États-Unis. Ce qui fait, de loin, l’originalité de cette série, c’est que ces hold-up sont tous racontés en détail du point de vue de leurs auteurs. En plus de cela, les histoires sont rythmées par des reconstructions, de véritables extraits datant de l’époque et des intervenants proches des auteurs ou des enquêteurs ayant travaillé sur l’affaire. Même avec toutes ces preuves, il est difficile d’imaginer que ces braquages ont réellement pu avoir lieu. On a l’impression de regarder une simple fiction, comme il y en a tant d’autres disponibles en streaming. Pourtant, ce n’est pas le cas. Heather Tallchief, Karls Monzon et Toby Curtsinger ont tous bien existé. Et les crimes qu’ils ont commis sont tout à fait réels. Mais ce qu’on apprécie, avec ce documentaire, c’est qu’il montre ce qu’il y a au-delà de ce que racontent les médias. Netflix donne les clés aux spectateurs pour leur permettre de com prendre la psychologie des coupables, et la raison qui les a poussés à voler autant d’argent. Plutôt que de glorifier leurs histoires, on nous montre ici que la fin n’est pas toujours joyeuse. Que nos actes ont toujours des conséquences. Chaque récit est unique en son genre et, à sa façon, parvient presque à nous émouvoir. - A.F. (st.)
Arte.tv
Cycle Kenji Mizoguchi
Dans le Japon médiéval, les deux enfants d’un gouverneur qui a refusé d’envoyer ses paysans au combat sont mis en esclavage sous la férule du cruel intendant Sansho, et leur mère est exilée. Mais lorsqu’ils apprennent que cette dernière est toujours vivante, ils projettent de s’évader. Arte ouvre un cycle de films consacrés au cinéaste japonais Kenji Mizoguchi, dont on retrouve dans L’intendant Sansho tout le génie cinématographique. Orfèvre du plan épuré et poétique, le cinéaste fait osciller le balancier de ce sublime récit d’apprentissage entre barbarie et douceur, composant une espèce de tableau primitif qui ouvre sans cesse à des perspectives mystérieuses, mais ne mégote pas avec l’humain. En effet, tel un peintre obsessionnel, le Japonais ne cesse de retravailler son portrait des rapports d’injustice et de violence qui régis sent les rapports des hommes entre eux, dans une mise en scène virtuose qui n’a rien perdu de sa modernité et résonne avec la dureté de notre monde contemporain. C’est comme si, par la beauté si pure de son cinéma, Mizoguchi caressait d’un coup d’un seul l’âme de tous les damnés de la Terre. Magique. - T.V.W
Disney+
Turner et Hooch
Aurait-on parlé des douze épisodes de Turner et Hooch s’ils n’avaient pas été inspirés par la comédie de Roger Spottiswoode portée par Tom Hanks? Pas sûr. C’est que cette histoire de flic psychorigide qui se retrouve flanqué d’un chien gaffeur et baveux sent fort le film Disney de vidéoclub du dimanche matin. Et c’est ce qu’elle est, un show familial drôle et léger, qui ne casse pas trois pattes à un clébard, ponctué d’action, de valeurs feelgood (lâcher prise pour découvrir les autres, s’ouvrir à la rencontre…) et de zestes de romance pour pimenter le tout. L’ensemble est donc rondement mené mais prévisible. Si le Hooch 2020 se révèle tout aussi monstrueusement cute que son prédécesseur lorsqu’il saute dans les fontaines ou obéit parfaitement à sa dresseuse (et moins à son maître), n’est pas Tom Hanks qui veut. Josh Peck, alias Scott Turner Junior, n’arrive pas à faire oublier son père de fiction. Au final, les mômes réclament la suite, qui apparaîtra au rythme hebdomadaire. Nous, enfants des eighties, on en sort amusés… avec l’envie de revoir l’original. Ça tombe bien, il est aussi sur la plateforme. - H.D.
Apple TV
Schmigadoon
Imaginez… Une série inspirée de Broadway, dont les acteurs dansent et chantent à chaque ins tant ou presque, même pour réclamer du porridge (une performance qui rappelle Les parapluies de Cherbourg). Un cauchemar pour les (fâcheux) allergiques aux comédies musicales. Un délice pour les (joyeux) fans du genre! Schmigadoon imagine un couple en crise parti se recoller les morceaux dans un périple sac au dos… prisonnier dans un village enchanté aux décors et costumes sortis de Mary Poppins. Pour en sortir, ils devront trouver l’amour véritable. Sceptiques, rétifs parfois au genre, ils feront face à une série de folles aventures, racontées dans un format serré de 30 minutes (ce qui per met un rythme effréné voire frénétique typique du genre). Entre hommage et parodie, le duo Cinco Paul et Ken Daurio (Moi, moche et méchant) multiplie les références, qui peuvent rester hermétiques parfois au public européen, et convie des stars du genre, comme Aaron Tveit (Hairspray) et Ariana DeBose (qui joue aussi dans le remake annoncé de West Side Story). Un bonbon tendre, indispensable, jubilatoire, un shoot de danse qu’on dévorera tout l’été au rythme d’un épisode par semaine. - H.D.