

En démarrant ce reportage, on s'attendait à une aventure romanesque, le genre à faire frétiller nos souvenirs de lecteurs du Secret de la Licorne et des romans de piraterie. Black Swan, c'est en effet le nom de code donné par les chasseurs de trésors d'Odyssey Marine Exploration à l'épave de la Mercedes, un navire militaire espagnol coulé en 1804 par les Anglais au large de Gibraltar. Sa particularité est d'avoir explosé en mer et laissé au fond tout son magot (600.000 pièces d'or et d'argent, pour une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars), dispersé sur la superficie de plusieurs terrains de foot. En 2007, Odyssey fouille les abysses et le remonte.
Le film nous montre l'équipe au travail, avec des images de robots sous-marins qui rappellent forcément Titanic. On voit la joie du capitaine et de l'équipage, l'incrédulité face à l'énormité de la trouvaille (des amas de pièces à faire s'évanouir Jack Sparrow), le récit du naufrage, les restes de canons couverts de vase, les objets en or qui complètent le butin et le travail des archéologues de la société, qui veillent à la conservation des objets. A peine remonté, le trésor est expédié aux Etats-Unis, pour être protégé, nous dit-on. Vraiment? Ce qu'on entend surtout, c'est la voix d'Indiana Jones. Est-ce que sa place ne serait pas plutôt dans un musée? Que dit la loi? Peut-on vraiment, parce qu'on a le matériel adéquat, aller ratisser le fond de l'eau pour s'en mettre plein les poches? Justement, toute la seconde partie de Black Swan montre la réaction de l'Etat espagnol, qui poursuit les équipes d'Odyssey (même avec des navires de guerre) pour récupérer cet héritage historique. La réalisation, américaine, nous dépeint alors les chasseurs en victimes. Dommage, malgré notre amour de l'aventure, on peine à les suivre dans cette voie-là.