
"Chez Nadette" : la Wallonie à l’état brut

À l’occasion des 50 ans de la Fédération Wallonie-Bruxelles, pourquoi ne pas miser sur notre région ? Trop souvent, la culture française prédomine au détriment de la nôtre, qui est tout aussi riche par ses traditions, ses langues et son histoire. C’est le pari fou de Thierry de Coster, Christelle Delbrouck et Laura Fautré, les auteurs de Chez Nadette.
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Chez Nadette, c’est le bistrot du village tenu par une mère et sa fille où les habitants s’attablent et les touristes d’un jour s’arrêtent. « C'est une histoire de femmes au cœur de la Wallonie, c'est la saveur du Wallon au gré des confidences. » Nadette voudrait léguer son établissement à sa fille. Mais Pauline rêve de partir au Sahel pour améliorer la condition de la femme africaine, loin de son village qu’elle aime tant.
Sincérité et authenticité
De type de format court, cette mini-série contient 50 capsules de trois minutes. Il n’est donc pas question de brosser le portrait d’une Wallonie mensongère ou artificielle, ni de parler uniquement le wallon. « Le wallon n’est qu’une partie de cette série comme une épice qu’on aurait ajouté dans la casserole pour avoir un avant-goût », souligne Thierry de Coster. Même si c’est la langue parlée des personnages, les histoires et les confidences importent le plus grâce un mélange réussi d’humour et de moments plus intimes où l’émotion est au rendez-vous. C’est ça, la force de Chez Nadette.
Un casting maison
Les deux comédiennes sont parties à la rencontre des Wallons pour échanger avec eux. On est presque à la frontière entre le documentaire et la fiction. Beaucoup d’histoires racontées à l’écran sont d’ailleurs vraies comme celles avec le soldat inconnu ou les ongles vernis de la Vierge. « Il ne fallait pas faire ce qui se fait habituellement, mais oser de vrais petits court-métrages, des bulles poétiques », détaille Thierry de Coster. Dans la lignée de Stoemp Pèkèt et des Rawettes, une émission sur les dialectes, il a eu envie d’aller plus loin avec cette fiction pour redonner des lettres de noblesse au wallon et à ses habitants. « Christelle Delbrouck, une amie de très longue date, est une femme qui a grandi dans le nord de la province de Luxembourg dans une famille précaire. Elle véhicule encore ça dans sa vie de tous les jours. Elle était incontournable dans le projet. » L’auteur a aussi fait appel à Laura Fautré, une jeune comédienne, qui s’est révélée dans le court-métrage d’Anaïs Debus, Qui vive. « C’était un vrai coup de foudre. »
La femme rurale à l’avant-plan
Souvent oubliée, la place de la femme rurale est cruciale dans cette fiction. « La femme rurale a été, et reste, le socle de la famille et parfois même le socle de tout le tissu social d'un village. » Selon Thierry de Coster, Chez Nadette n’est pas seulement une fiction en wallon « c’est une histoire de femmes, de terroir et de campagne, qui interroge la place de la femme dans la ruralité. On montre comment être plus intelligent en société et comment mieux s’entraider ».
Enthousiasme partagé
La RTBF est fière de participer à ce projet. « Cette création originale d’une mini-fiction est atypique, inédite et seuls les Belges peuvent le faire. C’est une véritable prise de risques », précise Sandrine Graulich, cheffe éditoriale de la Une.
Pour la réalisation, Thierry de Coster est épaulé par Baudoin Du Bois avec une co-production de Koko arrose la culture avec David Mathy, Benoit Roland (Baraki) et 10.80 films. Les 10 premiers épisodes inédits ne seront pas sous-titrés. Pour le producteur, David Mathy, « encore aujourd’hui, les gens commencent leur phrase en français et la terminent en wallon ». D’après Sandrine Graulich, « les mots se comprennent dans le contexte ». Un rendez-vous à ne pas manquer !