Tac au tac avec Francis Van de Woestyne: «Pour faire une bonne interview, il faut être deux»

Journaliste à La Libre, Francis Van de Woestyne rassemble 36 de ses rencontres dans États d’âme. Interviewons l’intervieweur.

francis van de woestyne
© Prod

Vous publiez un recueil de vos grands entretiens parus dans La Libre. Vous souvenez-vous de votre toute première interview, celle qui a inauguré votre carrière de journaliste?
Oui, c’était en 1979 ou en 1980 avec André Malherbe, un champion de motocross qui, malheureusement, aura plus tard un grave accident lors du Paris-Dakar.

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Dans le livre, on peut lire des rencontres avec Alain Delon, Amélie Nothomb, Denis Mukwege, Francis Cabrel… Qui rêvez-vous d’interviewer?
Je ne m’arrêterai pas tant que je n’aurai pas fait le pape François, un homme remarquable, un grand humaniste pour qui j’ai déjà envoyé cinquante mails. Quant à Emmanuel Macron, je ne partage pas toutes ses idées et encore moins ses dérapages verbaux qui me mettent en colère, mais je suis fasciné par sa vision de l’Europe. Jean-Louis Trintignant, un acteur que j’ai toujours adoré, et Catherine Deneuve parce que… parce que c’est la grande Catherine!

Le personnage historique que vous auriez aimé interviewer?
Catherine de Médicis ou Victor Hugo.

Si vous deviez interviewer Dieu, quelle question lui poseriez-vous?
“Comment acceptez-vous tant de misère dans le monde?”

Si vous deviez vous interviewer, qu’aimeriez-vous savoir de vous?
(Silence.) Donnez-moi encore ­quelques secondes…

On a tout le temps…
(Silence.) La question la plus gênante que je me poserais, c’est: “Pourquoi avez-vous des moments de lâcheté?” Je déteste les conflits, ce qui me pousse parfois à une certaine lâcheté.

Qui, dans votre famille, aimeriez-vous interviewer?
(Silence.) Je vais être franc avec vous, j’aurais adoré interroger mon fils ­Victor qui est décédé il y a cinq ans.

Êtes-vous déjà devenu ami avec une personne interviewée?
J’ai fait du journalisme politique ­pendant quarante ans. Pour bien ­comprendre les politiques, il faut bien les connaître, je n’ai jamais été gêné d’aller déjeuner avec des femmes et des hommes politiques. Mais il ne faut pas confondre proximité et connivence, je ne me suis jamais privé d’écrire des ­éditos sévères sur des personnalités que j’avais rencontrées.

Qui sont les hommes ou les femmes politiques devenus des amis?
Aucun.

L’interview, c’est un vrai moment fugace ou une fausse vraie rencontre?
Ni l’un ni l’autre. Je veux que ce soit un moment où les regards et les cœurs se touchent. Pour faire une bonne interview, il faut être deux…

Faire une interview, c’est comme le théâtre, on a toujours le trac?
Je suis hyper-stressé quand j’arrive à une interview, mais à un point…

La personnalité qui figure dans votre recueil et qui vous ressemble le plus?
J’aimerais être un mélange entre Alain Duhamel et Anne Sinclair…

Ça fait quoi d’être l’intervieweur interviewé?
J’ai une forme de pudeur à parler de moi… Donc je préfère interviewer qu’être interviewé…

Qu’avez-vous pensé de cette courte interview?
Elle était trop courte.

ÉTATS D’ÂME, Les Impressions Nouvelles, 456 p.

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