Delphine Ysaye : "Sur Classic 21, j’ai dû faire mes preuves, plus que quelqu’un d’autre"

Voix et visage connus de Classic 21, elle est sur scène dans Sex & Jealousy. Conversation avec une fille du rock.

Delphine ysaye
© Martin Godfroid

Pour le moment, vous êtes sur scène dans Sex & Jealousy. Ce n’est pas la première fois qu’on vous voit dans un boulevard.  Jeune, regardiez-vous Au théâtre ce soir à la télé?
Pas du tout. (Rire.) Ce n’était pas un répertoire qui me faisait rêver.  Mais ce qui est génial, c’est passer d’un spec­tacle politique comme King Kong ­Théorie de Despentes, que j’ai beaucoup joué, à une pièce de boulevard - même si Sex & Jealousy de Marc Camoletti a un peu vieilli sur certaines choses…

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Qu’est-ce que ça veut dire “a un peu vieilli sur certaines choses”?
Ça veut dire que, dans les années 90, ce genre de pièce est assez cliché. C’était assez misogyne et, pour cette pièce, on a dû enlever quelques répliques…

Lesquelles?
Quand l’un des deux hommes dit: “Si ma femme ne veut pas coucher avec vous?”, l’autre répond: “C’est pas grave, faites-la boire s’il le faut”. On a enlevé ce genre de choses…

Virginie Despentes ou Jacqueline Maillan, je ne vais pas vous demander à laquelle vous vous identifiez le plus…
(Rire.) Elles sont très différentes, mais en même temps, ce sont deux femmes très fortes, très indépendantes… Mais si je devais répondre à votre question, ce serait quand même Virginie ­Despentes (rire). Nous sommes en 2023.

La saison prochaine au TTO, vous jouerez Héroïne(s).  C’est un spectacle sur la drogue?
Pas vraiment! Ça va aussi parler de ­drogue, mais ça va surtout parler de femmes. J’ai accumulé pas mal de matière en travaillant sur mon émission Ladies In Rock et j’avais envie d’écrire un spectacle sur ces femmes du rock qui sont des héroïnes à plus d’un titre.

Parmi ces artistes, laquelle auriez-vous aimé être?
Debbie Harry. (Rire.) Je suis une féministe qui n’a aucun problème avec les apparats de la féminité. Debbie Harry incarne le sex-appeal et la liberté.

Petite, qui imitiez-vous?
Madonna! À la fancy-fair de l’école, je faisais des play-back de Madonna.

Ça fait quoi d’avoir grandi avec un père, Marc Ysaye, qui, chaque matin à la table du petit-déjeuner, racontait l’histoire de Yes, Led Zeppelin, Pink Floyd et Genesis?
J’ai toujours été fière de ça car je me suis vite rendu compte que je n’avais pas un papa comme les autres, même si parce qu’il faisait ce métier, je ne l’ai pas beaucoup vu. Mais j’étais fière de travailler sur Classic 21 en étant la fille de mon père qui était directeur…

C’était dur?
Oui. Au début, j’ai dû m’accrocher. Mais je n’étais pas naïve, je savais qu’en travaillant sur Classic, je devais me préparer à ne pas être appréciée du premier coup. J’ai dû faire mes preuves, plus que quelqu’un d’autre. Maintenant, ça fait 17 ans que je travaille à la RTBF, et la question ne se pose plus.

Votre père aimait-il qu’on touche à ses disques?
Pas du tout. Il est maniaque, il n’aimait pas qu’on touche à ses affaires. Un jour, je regardais la télé seule et des morceaux du plafonnage me sont tombés dessus à cause du poids des vinyles que mon père entreposait dans la pièce du dessus. Je suis sortie, j’ai cru que c’était un tremblement de terre.

Dites-moi, personne ne le saura: aimez-vous Machiavel?
(Rire.) Franchement, oui - c’est tellement lié à mon enfance -, mais les plus grands fans de Machiavel, ce sont mes enfants…

SEX & JEALOUSY, jusqu’au 27/5.
HÉROÏNE(S), à partir du 14/3/24.
TTO, Bruxelles. www.ttotheatre.com

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