En thérapie, série post-épidémie

En thérapie - série phénomène - revient pour une deuxième saison afin de mesurer l’impact de la crise sanitaire sur notre santé mentale.

Charlotte Gainsbourg dans en Thérapie
Charlotte Gainsbourg est au casting de cette deuxième saison. © Arte
Diffusion le 7 avril à 20h55 sur Arte

Ils pensaient ne réaliser qu’une seule saison et pourtant, aujourd’hui, c’est bien un deuxième volet que proposent les réalisateurs Éric ­Toledano et Olivier Nakache. Il faut dire que cette adaptation de la série israélienne BeTipul a été un véritable succès en 2021. Elle a réalisé le deuxième plus gros score d’audience d’Arte pour ce type de ­programme et est devenue la série la plus regardée de l’histoire de la chaîne en streaming. Puis un autre ­facteur explique ce retour: le Covid. Après avoir représenté le trauma collectif des attentats du 13 novembre, c’est le choc de la pandémie qui a amené à la naissance de ces 35 épisodes inédits (de 20 ­minutes chacun en moyenne). Le psychiatre Philippe Dayan (interprété par Frédéric Pierrot) reçoit ainsi quatre nouveaux patients (Inès, Robin, Lydia et Alain) au sortir du premier confinement, en 2020. En même temps, il doit faire face à la fin de son procès, intenté par la famille d’un de ses anciens clients, mort en Syrie. Une épreuve qu’il traverse avec l’aide d’une nouvelle superviseure, Claire (Charlotte ­Gainsbourg). L’occasion de montrer à travers ces ­personnages les multiples conséquences de la crise sanitaire sur chacun d’entre nous, avec parfois le réveil de blessures très profondes.

Nos dernières vidéos
La lecture de votre article continue ci-dessous

Le Covid, “un accélérateur de particules”

Pour ceux qui seraient intéressés par cette saison sans avoir vu la première, pas de souci. Comme le dit Arte, il s’agit ici plus d’une “nouvelle proposition” que d’une véritable suite. L’un des seuls éléments hérités du volet précédent, le procès, se comprend très bien sans contexte préalable. Le but est véritablement ici de se concentrer sur ces nouveaux patients qui ­débarquent dans le cabinet de Dayan après ce qui s’est passé durant le confinement. “On avait lu pas mal d’articles sur le fait qu’il y avait une sorte de décompensation psychologique chez plein de gens, qu’ils aient été malades ou pas, du fait du confinement notamment. Cela nous semblait intéressant de mettre en lumière ces névroses chez chacun des patients”, nous confie la directrice d’écriture du scénario de cette saison 2, Clémence Madeleine-Perdrillat.

https://www.youtube.com/watch?v=hllupECW2MY

Attention: il ne s’agit pas ici de dire que le confinement a été traumatisant en tant que tel, mais plutôt qu’il a permis une prise de conscience. “Tout n’était pas négatif dans cette période et on ne voulait surtout pas faire ce portrait-là.” Pour chacun des person­nages, le coronavirus est plutôt “un point de départ et un accélérateur de particules. L’objectif est d’avoir une palette de réactions possibles et surtout de voir comment le Covid catalyse en réveillant un certain nombre d’angoisses”. La première patiente, Inès, est par ­exemple forcée de repenser sa relation compliquée avec sa famille après avoir été seule durant le printemps 2020. Pour le jeune Robin, sa peur du Covid reflète son anxiété latente liée à la reprise du harcèlement scolaire qu’il subit lors du retour en présentiel. Lydia découvre qu’elle a le cancer du sein grâce à son hospitalisation et son passé l’empêche de faire face à la maladie. Enfin, pour Alain, un suicide pointe la maltraitance au (télé)travail dans sa société, ce qui réveille chez lui des émotions fortes. Philippe aussi est touché par la crise sanitaire quand son père attrape le Covid en maison de retraite. “Ce que la série a de génial dans son écriture, c’est qu’on a tous un écho avec ces quatre patients. L’idée est d’avoir une ­résonance chez chacun des personnages avec le spectateur, même si certains se retrouvent plus dans un que dans d’autres.

Cette deuxième saison va aussi “plus loin dans la déconstruction de nos personnages”, explique Éric ­Toledano. D’après Clémence Madeleine-Perdrillat, “c’est lié au fait que les gens ont acquis avec la première saison toute une série de réflexes analytiques. Du coup, on peut aller encore plus loin dans l’exploration de la psyché. On va plus rapidement vers l’analyse des névroses et des systèmes psychiques”. Cela contribue ici à rendre les personnages particulièrement touchants. On est d’autant plus ému que les confinements sont encore frais dans nos souvenirs. La série représente ainsi un véritable sas de décompression pour le téléspectateur. Nous aussi, on entre en quelque sorte “en thérapie”. “Moi, ce que j’espère, c’est qu’on va consoler les gens en leur montrant qu’ils ne sont pas seuls. Cette série a la vocation un peu cathartique de dire cela, même pour ceux qui n’ont pas été malades ou n’ont pas perdu quelqu’un. L’autre dimension vraiment importante, c’est celle de la mort et du deuil, tout en parlant de la possibilité de revivre. C’est une saison profondément tournée vers la lumière et l’espoir. J’espère vraiment qu’elle déclenchera ça chez le public.

Débat
Sur le même sujet
Plus d'actualité