Luckiest Girl Alive, le premier film déconseillé aux moins de 18 ans cartonne sur Netflix

Sorti il y a une semaine, le film Luckiest Girl Alive trône au sommet du classement du Top 10 de Netflix. Il a pourtant une petite particularité : il est déconseillé au moins de 18 ans. Une première pour le géant du streaming.

Luckiest Girl Alive cartonne sur Netflix
© Netflix

Habituellement réservée aux productions pornographiques (interdites sur la plateforme), les mentions « -18 » sont assez rare sur Netflix. Très peu de productions, frisant pourtant avec le soft/porn – on pense au film Blonde récemment sorti ou encore à 365 Days- peuvent se targuer de cette mention. Alors en quoi se distingue Luckiest Girl Alive ?

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Des sujets extrêmement sensibles

Selon la plateforme, cette justification tient des sujets et thématiques traitées par le film. Ani Fanelli (portée par une Mila Kunis sublime et d’une extrême justesse) semble avoir tout pour être heureuse. Elle vit à New-York, côtoie allègrement la haute société et semble épanouie dans son métier de journaliste. Mais cette apparente félicité se révèle très vite être une façade. Ani a un passé sombre, elle a survécu à une tuerie de masse dans son école lorsqu’elle avait 15 ans.

Tout bascule lorsqu’on la contacte pour participer à un documentaire revenant sur cette fusillade. Ani est alors confrontée à son passé et à un secret encore plus lourd qui risque bien d’exploser.

Dans un jeu dynamique de flash-back, le film retrace le fil de cette tragédie et jette petit à petit la lumière sur ces événements. Et dès lors, Ani va faire face à son passé et revivre ces épisodes douloureux. Car derrière la façade de bonheur et de réussite apparante, Ani cache en vérité un réel traumatisme : le viol collectif qu’elle a subi peu de temps avant la fusillade.

Au vu donc des sujets extrêmement sensibles que le film traite : viol collectif, dans le millieu scolaire, harcèlement, tueries de masse, la plateforme a donc préféré attribuer à ce dernier la mention « interdit aux moins de 18 ans ».

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Un film basé sur une histoire vraie

Il se trouve que le film est basé sur le roman à succès éponyme sorti en 2015 écrit par Jessica Knoll. A l’époque, la journaliste ne revendique pas la part autobiographique de son livre. Ce n’est qu’un an après qu’elle révèle que l’histoire d’Ani est en fait la sienne, en ce qui concerne le viol de groupe et le harcèlement.

Dans un article publié dans la revue féministe « Lenny Letter » qu’elle a révélé la vérité. « Cela m'a vraiment tué de voir le regard de ces femmes quand je leur disais : "Oh non, vous savez, je viens de l'inventer", et je ne voulais plus jamais voir ce regard sur le visage de quelqu'un" écrit-elle. Dans une interview, Knoll s’est dite "tellement conditionnée à ne pas en parler qu'il ne lui est même pas venu à l'esprit d'être franche".

"J'avais désespérément besoin de me libérer de ce fardeau en publiant mon histoire et aussi afin que ce qui m'est arrivé soit considéré comme un viol. J'avais besoin de ça", avait-elle alors révélé.

Lors que l’adaptation du roman est annoncée, Jessica Knoll ne peut se résoudre à ce que son histoire soit écrite par quelqu’un d’autre. "J'avais besoin de le faire, j'ai supplié de le faire, et à la fin, le fait que je n'avais jamais écrit de scénario auparavant est devenu ma grâce salvatrice." a-t-elle expliqué.

Il aura fallu 7 longues années à Jessica pour parvenir à traduire son histoire du papier au petit écran. 7 années au cours desquelles elle se confronte à elle-même, au personnage qu’elle a créé de toute pièce pour survivre et qu’elle détestait. "Pendant tout le temps que je travaillais sur le scénario, j'étais en colère. J'ai honte d'admettre que mon mari a subi le plus gros de ma fureur pendant ces années, pour être un homme, pour être blanc, pour être un athlète populaire au lycée, pour ne pas avoir compris exactement ce que j'exigeais qu'il l'obtienne."

Un désir de revanche

Jessica Knoll est aussi scénariste et productrice exécutive du film. Cependant, elle n'a pas souhaité être présente sur le tournage de la scène de viol d’Ani. "Je ne voulais pas mettre les acteurs mal à l'aise. Je suis aussi productrice sur le film et tout le monde sait que c'est inspiré de mon expérience personnelle. Je sentais que les gens, autour de moi, étaient nerveux", a-t-elle confié.

Mais Jessica Knoll voulait autre chose de ce film également. Comme elle le révèle au magazine Vogue, le premier but de son essai était de se venger de ses agresseurs. Elle voulait les faire payer et que tout le monde soit au courant de leur acte ignoble à son encontre.

Cependant, de scènes en scènes, et au fil du montage du film, elle a compris que « la vengeance était destinée aux personnes qui n'avaient pas d'autres recours". Se confronter à la colère qui l'animait lui a permis de travailler sur ses émotions et, surtout, de les accepter et de les gérer. Aujourd'hui, Jessica Knoll se sent grandie : "Le soi est la première chose que ces gars vous prennent, mais je n'ai plus besoin de vengeance parce qu'il n'y a plus rien à venger. J'ai récupéré ce qui m'appartient. C'est encore mieux."

 

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