
Innommable, le documentaire inédit sur cette "affaire que l'on croit connaître"

Diffusion à 20h20 sur La Une
L'affaire Dutroux n’est pas un fait divers. C’est un tsunami qui a bouleversé notre pays dans ses institutions et le quotidien des familles. La série documentaire Innommable retrace, jour après jour, cette tragédie qui fait désormais partie de l’histoire de la Belgique. Innommable n’est pas le premier produit télé lié à l’affaire Dutroux. RTL-TVI et VTM l'ont déjà abordée et Amazon plancherait sur un projet. On pourrait voir dans Innommable un "true crime" à la Netflix… Sauf que l’ampleur du matériau et la résonance de l’événement dépassent le genre. La RTBF et la VRT, exceptionnellement associées, ont réuni leurs milliers d’heures d’archives, traitées par Sylvie Chevalier et Malika Attar qui ont travaillé un an sur le sujet.
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Sylvie Chevalier souligne: ”Les parents l’ont martelé, cette affaire n’est pas une fiction mais une réalité. Nous ne voulons pas quitter notre rôle de journaliste, notre volonté est de coller le plus possible à la réalité, en restant fluide, de manière à ce que chacun - qu’il ait 20 ou 55 ans - puisse comprendre le déroulé des événements”. Malika Attar poursuit: “Même si nous utilisons les codes de la fiction, nous pouvons garder notre rigueur journalistique. Nous voulons donner accès à un langage télévisuel pour entrer dans une affaire que l’on croit connaître”.

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"C'est l’affaire d’enfants - et le combat de leurs parents - qui ont malheureusement croisé la route de ce personnage"
Et, toujours à la différence de ce qui a été produit ailleurs, les deux journalistes le répètent: il ne s’agit pas d’un documentaire sur l’affaire Dutroux mais sur “l’affaire d’enfants - et le combat de leurs parents - qui ont malheureusement croisé la route de ce personnage”. Les deux journalistes se sont confrontées au traitement médiatique, le matériau illustrant la fièvre qui s’est emparée du pays, comme le constate Malika Attar: “Regardez les gens dans les jardins au moment des fouilles de Jumet, regardez où est la presse, où elle entre, regardez les funérailles avec la caméra au milieu. C’est une photographie de l’époque”. On assiste à des scènes interpellantes, voire choquantes. Mais c’est aussi la force d’Innommable, “une reconnaissance de tout ce qui a été vécu par les victimes”. Certaines images n’ont pas été utilisées, ce qu’explique Sylvie Chevalier: “Nous avons visionné des séquences difficiles. Le choix a été posé de dire l’horreur sans forcément la montrer”.
Sans voix off ni commentaires, Innommable s’appuie aussi sur le témoignage de protagonistes, capables de donner une deuxième lecture des archives. On retrouve Michel Demoulin, celui qui a fait avouer Dutroux. Un homme qui aujourd’hui encore “vit avec le dossier” chez lui. Des témoignages factuels mais qui n’excluent pas l’émotion, présente à chaque minute. Un documentaire duquel on ne sort pas indemne mais essentiel parce que Julie, Melissa, An, Eefje sont passées du drame intime au drame collectif. Et font à ce titre partie de notre histoire.