
Le guépard, histoire d’un grand roman

Diffusion le 27 octobre à 23h05 sur Arte
Oui, Le Guépard reste un chef-d’œuvre du cinéma, signé Visconti et palme d’or de 1963. Mais c’est aussi l’un des monuments de la culture italienne, l’œuvre posthume, parue en 1958, du prince de Lampedusa, couronnée du prix Strega (l’équivalent du Goncourt en Italie).
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Le film y est relativement fidèle. Grand lecteur, spécialiste de la littérature française, ce romancier d’un seul livre nous y dépeint le crépuscule de la noblesse sicilienne, partant des souvenirs de son arrière-grand-père. Les Lampedusa et Le Guépard sont encore partout dans Palerme. ”Quand le seigneur veut emmerder quelqu’un, il le fait naître à Palerme”, disait-il à son fils adoptif, qui feuillette pour nous son album de souvenirs. ”Il n’a rien fait de sa vie, il a écrit juste un roman et il est devenu immortel”, poursuit l’héritier. Chez Giuseppe, impossible dans ce cas de dissocier l’homme, l’auteur, du roman et de ses personnages. Dès lors, le parti pris biographique de ce documentaire n’est pas un procédé facile de réalisateur en manque d’idées et d’angles mais un choix conscient. Une évidence. On va donc dérouler l’existence de l’aristocrate, qualifié de ”figure énigmatique” par le réalisateur, sa naissance, qui coïncide avec la mort de son unique sœur, son enfance entre le palais de la ville et les résidences à la campagne, son histoire d’amour avec une psychanalyste célèbre, sa mère despotique, sa timidité, son amour de la solitude, son arbre généalogique de séquoia géant.
Son fils adoptif, son cousin et son biographe apporteront leur éclairage aux événements et aux images d’archives. De là naîtront les parallèles avec sa fresque romanesque et son recueil de nouvelles moins célèbre, Le professeur et la sirène. Une immersion passionnante dans une existence, une époque, un art de vivre.