
À la télé ce soir: Belles au Moulin Rouge

Diffusion le 1er janvier à 20h35 sur La Trois
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Le ton de Belles au Moulin Rouge porte la marque de Paris Première: décalé, branché, respectueux. Olivia Delaittre balade sa caméra dans les coulisses du music-hall et jongle entre son histoire et le présent. Le film apporte surtout un nouvel éclairage sur le show de la télé du Nouvel An. On voyait le cancan et les descentes d'escalier dénudées comme des manifestations d'un sexisme d'un autre âge. Oui. mais surtout non. Les Belles du Moulin Rouge s'envisagent comme au contraire des modèles d'émancipation. Un retour à la fin du XIXe nous apprend que le fameux cancan, ce moment de chahut et de frénésie, était l'apanage des danseurs. Les femmes y ont eu accès de haute lutte. Sur la scène de Pigalle, la danseuse apparaît comme une ”guerrière”, une déesse altière, libre, bien campée sur ses jambes interminables (on repassera si l'on attend un point de vue sur l'aspect normatif de la beauté des Doriss Girls). C'est aussi une athlète, comme on le découvre devant les scènes tournées dans les couloirs, durant les entraînements du matin, les après-midi de répétitions et les soirées elles-mêmes. Le Moulin Rouge assure aussi la survie de nombreuses maisons d'artisans parisiens, découvre-t-on dans la partie consacrée aux merveilleux métiers des costumes. Le cabaret a racheté des petites sociétés pour en assurer la survie et garder ses ateliers à proximité. On visite le chausseur qui conçoit les bottines, le plumassier des grands attirails du final, la brodeuse qui refait, à la main, des habits de lumière dessinés il y a vingt ans. On croise Mine Verges, la cheffe des habilleuses, 80 ans et des milliers de souvenirs derrière ses lunettes fumées. On se doutait qu'on aurait notre pluie de paillettes. on n'imaginait pas qu'on recevrait, au passage, une rivière d'infos étincelantes.