

Diffusion le 2 janvier à 20h30 sur Be1
La haine, Ma 6-T va cracker, Les misérables… Les films sur la banlieue traitent souvent des aspects peu reluisants des cités, et ce n’est pas le récent Bac Nord de Cédric Jimenez qui démontre le contraire. Pourtant, Fanny Liatard et Jérémy Trouilh ont choisi un angle très différent pour leur premier long-métrage, en prenant de la hauteur, au propre comme au figuré. Car le personnage principal de Gagarine est un jeune homme de 16 ans passionné par l’espace et qui rêve de devenir cosmonaute. Il se prénomme Youri, comme le Soviétique qui devint le premier homme dans l’espace, en 1961, et qui, à la même époque, donna son nom à une cité du Val-de-Marne, démolie en 2019. C’est donc au cœur de cette jungle de béton que vit Youri qui, comme la plupart des autres résidents, n’a aucune envie de quitter cet univers où il a grandi.
À partir de ce pitch, les deux cinéastes développent une belle métaphore, donnant aux blocs d’immeubles une allure de grand vaisseau spatial et filmant les tours avec un esthétisme peu commun. Tout en commençant leur film par quelques images d’archives - avec la visite de Youri Gagarine - et le concluant par les vraies images de la démolition des tours. Pour Jérémy Trouilh, la volonté était de montrer que “l’immeuble est important mais qu’au final, ce sont les gens qui restent. Leur relation à ce lieu perdure quoi qu’il arrive. C’est ce qu’on a essayé de capter et de restituer. Tendre un miroir qui dise la beauté et la complexité de ces vies”. Sélectionné pour le Festival de Cannes 2020 qui ne put avoir lieu à cause de la pandémie, Gagarine n’aura pas vu ses jeunes interprètes - dont l’excellent Alséni Bathily, qui incarne Youri - monter les marches cannoises. Qu’importe: on ne peut que leur souhaiter de voir leur carrière décoller vers de beaux sommets.
https://www.youtube.com/watch?v=vZSx8bpiVe4