
À la télé ce soir: Ma femme a du crédit

Diffusion le 13 janvier à 22h30 sur La Une
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Le roman 1984 de George Orwell et le film Brazil de Terry Gilliam sont les deux œuvres occidentales célèbres sur la surveillance de masse. Sorties en 1949 et 1985, elles étaient censées décrire un futur troublant… mais lointain. Le journaliste Sébastien Le Belzic prouve que finalement il n’aura pas fallu attendre très longtemps.
Installé en Chine depuis 2007, il est désormais marié avec Lulu, employée dans le secteur du marketing. Pendant un an, il a décidé de filmer son épouse au quotidien pour saisir en quoi la révolution technologique actuellement en cours dans le pays impacte sa vie. En Chine, tous les actes du quotidien sont archivés par des caméras pour construire le portrait numérique de chaque citoyen. Ce véritable “double” est analysé et jugé par les ordinateurs du Parti communiste qui octroient du crédit aux plus sages et font perdre des points aux moins obéissants. Bons de réduction pour des transports publics, accès à des soins médicaux sans paiement de garantie, gratuité dans certains parcs, obtention facilitée d’un visa pour le Canada ou l’Argentine… Plus le crédit social est élevé, plus il ouvre des portes.
Tout l’intérêt de cette logique de surveillance chinoise est d’accompagner les mutations de la société chinoise en s’appuyant sur les progrès de la technologie. Du coup, quand le journaliste demande à sa femme si elle préfère vivre avec ce système ou le refuser, sa réponse fuse: “On ne peut pas le refuser. C’est tellement pratique, ça apporte une vie tellement facile que tu ne peux plus le quitter. On ne peut pas dire que ça fait peur. Quelquefois, c’est un peu inquiétant, comme quand tu fais une blague un peu politique et qu’on t’appelle”. Un documentaire véritablement incarné pour saisir au mieux cette problématique terriblement actuelle.