

“J’ai appris que Jean Jausion, Français, 24 ans, veut épouser Anna Malka Zelman, Juive, 20 ans. Les parents de Jausion souhaitant empêcher l’union, j’ai ordonné l’arrestation de la Juive Zelman, et son internement dans un camp”. Écrite - parmi tant d’autres similaires - en 1942, cette note, envoyée par un responsable de la Gestapo à un commissaire aux questions juives, illustre bien le climat dénonciateur régnant lors de l’occupation allemande. Et si le récit d’Annette Zelman n’a été révélé que bien plus tard dans quelques ouvrages, jamais encore, il n’avait fait l’objet d’une adaptation filmée, malgré son potentiel dramaturgique évident. Il aura donc fallu quatre-vingts ans pour qu’un réalisateur chevronné s’en charge pour le petit écran, Philippe Le Guay (Les femmes du 6e étage, Alceste à bicyclette) en l’occurrence, et de belle façon.
Sans trop en dévoiler sur cette fiction qui a ému au dernier Festival de La Rochelle, elle évoque l’idylle entre Annette (Ilona Bachelier), étudiante aux Beaux-Arts de Paris, et Jean (Vassili Schneider), jeune romancier. Malgré la guerre, ils envisagent de se marier, au grand dam de leurs familles. Celle de la jeune fille accepte néanmoins, mais pour les parents de Jean, incarnés par Laurent Lucas et Julie Gayet, ce projet est inenvisageable, en ces temps où côtoyer des Juifs est déconseillé. Face à l’obstination de leur fils, ils vont alors signaler la jeune fille aux autorités, sans mesurer la portée de cet acte. En découle un récit digne de Roméo et Juliette, percutant et rythmé, émouvant et surprenant jusqu’à son final. Récemment, Anne Holmer, responsable de la fiction à France Télévisions, confiait: “À l’heure où un conflit européen et l’antisémitisme sont de retour, on se doit de faire ce genre de piqûre de rappel”. À juste titre.
https://www.youtube.com/watch?v=3z-lGVX-2lc