

Pour le commun des mortels, Val Kilmer, c’est d’abord une grande mâchoire prête à mordre Tom Cruise/Maverick, son rival dans Top Gun. Tout le monde ou presque pensait que l’acteur s’appelait véritablement “Iceman” et qu’il n’était pas Américain, tant il faisait penser au Russe Ivan Drago, l’ennemi juré de Stallone dans Rocky 4. Il faut dire que le cinéma américain des années 80 se fabriquant par clonage, Top Gun, c’était un peu Rocky dans les airs… Puis, Kilmer, dont il était impossible d’oublier le physique accrocheur mais dont on ne se rappelait décidément pas le nom, c’était aussi un deuxième rôle marquant, et cette fois au premier rang: l’acteur a en effet incarné un Jim Morrison plus vrai que nature, interprétant lui-même les tubes légendaires du chanteur dans The Doors, d’Oliver Stone.
Mais entre ces deux films, Val, sorti pourtant brillamment de la prestigieuse Juilliard School de New York à 26 ans, est passé sous les radars, tout en continuant à tourner. Comment cela se fait-il, surtout quand on crève à ce point l’écran? Les réponses se trouvent dans ce magnifique documentaire de Leo Scott et Ting Poo, conçu avec la complicité de Jack, le fils du comédien.
Fabriqué comme un collage de photos inédites, de vidéos personnelles, d’extraits de films, d’interviews de Kilmer à différentes époques, on y apprend les dons précoces de l’acteur en art, sa forte personnalité, ses drames (la mort à 15 ans par noyade de son frère), son cancer du larynx, ses quelques succès et ses échecs cuisants, avec une sincérité folle et inexistante à Hollywood. Entre Top Gun et The Doors, il y a donc eu sa vie. Et on sort de ce beau docu avec une certitude: elle a été assurément son meilleur rôle.