Tac au tac avec Drag Couenne : "Il y a souvent des amalgames sur le drag"

Gagnante de Drag Race Belgique, elle est le personnage créé par le comédien Adrien De Biasi. Conversation.

drag couenne
© Laeticia Bica

Pour Drag Couenne, qui est Adrien De Biasi ? Et pour Adrien De Biasi, qui est Drag Couenne ?
Pour Couenne, Adrien c’est le créateur. Pour Adrien, Couenne c’est son personnage. C’est Couenne qui brille mais derrière, il y a Adrien. On a tendance à mettre en avant le personnage, mais derrière il y a l’artiste. Si j’étais peintre, Couenne serait ma toile.

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Outre le look, existe-t-il beaucoup de différences entre Drag Couenne et Adrien?
Oui, énormes. Il y a des choses que Couenne fait ou dit qu’Adrien ne ferait pas - et vice versa. Quand tu es en talons, que tu portes un habit exubérant, que tu fais presque deux mètres, ça te change, tu prends plus de place. De là à définir le drag, c’est difficile…

Faire une téléréalité sur un média dominant comme la RTBF, c’est une façon de rendre visible la culture undergound du drag ou c’était juste pour le fun?
L’intérêt c’est de projeter à la télé le milieu underground dont fait partie la scène drag à laquelle j’appartiens. C’est la rencontre de deux mondes - et ça, c’est génial. Maintenant que j’ai gagné, j’aurais une plus grande place dans les médias et, bien sûr, je vais utiliser cette place pour m’exprimer. Mais l’enjeu c’est de rester lisible et à la portée de tous, c’est faire du politique avec le drag mais que ce soit compréhensible par tout le monde.

Ce qui n’est pas toujours le cas…
Moi, je ne suis personne, je ne vais pas éduquer les gens, mais je sens, oui, qu’il y a des réticences, des questionnements et des peurs…

Quelles peurs?
La peur c’est de la non-connaissance. Il y a souvent des amalgames sur le drag, et avec Drag Race, les gens se sont rendu compte que c’était aussi de l’art.

Vous préférez être bloqué dans un ascenseur avec Éric Zemmour ou avec le pape François?
Je préfère que l’ascenseur s’écrase et qu’on meurt. (Rire.)

Avec qui aimeriez-vous être bloqué dans un ascenseur?
Bonne question… (Silence.) Avec Christiane Taubira…  Pour parler pendant des heures, pour qu’elle me récite des poèmes et pour qu’elle me raconte sa vie. Je sais que je ne m’ennuierai pas, elle a trop de culture…

Enfant, vous rêviez de quoi?
De magie, et de la lune. Je faisais aussi des cauchemars… Des cauchemars où je voyais des masques et des visages horribles… Enfant, je disais que je voulais être magicien ou serveur parce que ça travaille la nuit et que la nuit, je sais que je peux prendre la rue.

Drag Couenne pourrait-elle, un jour, rejoindre un parti politique?
Je ne suis pas sûr… J’ai encore tellement de choses à apprendre dans le drag que je ne pense pas avoir les épaules, le temps et la culture nécessaires pour me consacrer à un parti.

Qu’allez-vous faire avec les 20.000 euros gagnés dans la compétition Drag Race?
Premièrement, c’est taxé - c’est pas 20.000… (Rire.) Deuxièmement, une partie ira à Athena car on a un pacte: celle qui gagnait offrait un nouvel iPhone à l’autre. La thune que j’ai mise dans l’émission était déjà colossale, donc ça va pouvoir me rembourser. Avoir gagné m’incite à élever le niveau de mon drag, il faut rester au top. Donc cet argent ira d’office dans Couenne pour payer des costumes de malade, pour payer des chorégraphes, pour travailler avec des vidéastes.

Avez-vous peur de devenir un produit?
Non, parce que je n’ai pas peur de mon intégrité. Et s’il faut devenir un produit pour être entendu, why not?

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