
Tac au Tac avec Vincent Lagaf' : "Là, oui, j’en ai chié"

Pourquoi publiez-vous votre autobiographie maintenant?
Je n’avais pas envie de publier une autobiographie à 40 ans quand je n’étais qu’à la moitié du parcours… Là, je me dis que le parcours est bien entamé, donc ça vaut le coup de faire un point. Il y avait aussi beaucoup de questions auxquelles je n’avais pas de réponses, et que j’ai maintenant. Donc j’ai trouvé le moment bienvenu.
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Des questions sur vos origines…
Oui, je ne savais pas exactement d’où je venais. Et comme j’avais certaines réponses à certaines questions, je me suis lâché à cœur ouvert.
Votre crainte, c’était d’être le fruit d’un viol ou d’un inceste…
Personne n’aimerait savoir que sa mère a été violée. Personne n’a envie de savoir que son père c’est son grand-père. J’ai la réponse à cette question…
C’est un livre que vous avez écrit vous-même?
Absolument. J’ai rencontré Éric Naulleau qui m’a donné ce conseil: “Écris ton livre toi-même”. J’ai bien demandé comment tourner telle ou telle phrase, mais 99,9 % du livre, c’est sorti de ma plume.
Écrire, c’était pénible ou facile?
Mais je n’écrivais pas: je parlais… J’ai écrit comme si je parlais et le correcteur corrigeait mes fautes d’orthographe - donc ça n’a pas été très difficile…
Votre style est cash et rigolo…
C’est ma vie, je suis comme ça: j’aime bien faire rire les gens et je suis cash. Mais en écrivant, le plus dur c’était de garder les yeux ouverts et secs sur certains passages - là, oui, j’en ai chié.
Qu’évoque l’odeur du Dettol?
Quand je suis rentré dans ce bâtiment de l’assistance publique, cette odeur m’a sauté au nez, je leur ai demandé “Mais il y a longtemps que vous utilisez ce désinfectant?”. Ils m’ont dit: “Depuis toujours”. J’ai compris que c’était de là que le souvenir venait… Le Dettol, ça me rappelle les années à l’assistance publique.
Vous faites un portrait de votre père adoptif en gros connard…
Non, c’était pas un gros connard, mais on peut dire que c’était un con si on ne partageait pas ses idées. C’est vrai qu’il n’avait pas la fibre paternelle, qu’il n’avait pas une pédagogie extraordinaire, il avait un peu tendance à expliquer les choses avec son 43 fillette et ses grosses mains de tennisman, mais ce n’était pas un connard. Il était ingénieur chimiste, il a eu une très belle carrière qu’il a finie à un poste à responsabilités. Mais humainement, j’ai connu plus rigolo et plu déconnant…
Que penserait-il de votre livre?
(Silence). Je ne sais pas. Honnêtement, je ne sais pas. Je pense qu’il dirait: “J’ai vraiment été comme ça?”
Pourquoi dit-on que vous êtes ingérable?
Parce que je dis ce que pense et je fais ce que je dis. Parfois, ça peut choquer, et c’est vrai que, parfois, je n’utilise pas les bons mots.
Votre premier producteur était belge et boucher-charcutier…
Oui, Michel Brohette, charcutier traiteur à Presles où il s’occupait d’organiser la fête du village. Je lui ai demandé de s’occuper de mes galas en Belgique. Il m’a dit: “Mais je ne suis pas producteur”, et je lui ai répondu: “Prends une licence”. Un jour il m’appelle pour me dire qu’il avait le Cirque Royal de Bruxelles pour deux soirs, trois si on remplissait les deux premiers.
Boucher-charcutier, vous ne vous êtes pas méfié…
Non, j’avais vu qu’il faisait les choses avec passion et gentillesse.
Je m’appelais Franck, XO Éditions, 427 p.