Ken Loach, le vent de la révolte : un magnifique documentaire sur cet éternel rebelle

Diffusion le 2 juin à 22h50 sur France 5

Depuis ses débuts dans les années 60, Ken Loach a considéré le cinéma comme un moyen d’œuvrer à une société plus juste: “Un film ne peut pas changer le monde, mais ça peut vous pousser à vous interroger, à voir que quelque chose ne tourne pas rond. Un film peut susciter un élan de colère ou de solidarité, mais c’est ce qu’on fait après l’avoir vu qui peut faire changer le monde”. De fait, le cinéaste ne s’est jamais ­contenté de rester derrière sa caméra, n’hésitant pas à militer activement pour défendre les plus ­faibles face à ce néolibéralisme à l’anglaise qu’il exècre, héritage des années Thatcher qui continue à cliver la société britannique. Et dont on trouve les produits dérivés chez nous aussi, tant le fossé entre nantis et moins favorisés semble se creuser de plus en plus. Le documentaire que France 5 ­consacre au réalisateur fourmille de témoignages et d’images inédites, dont celles du tournage de son dernier film, The Old Oak, présenté cette année en Sélection officielle au Festival de Cannes.

The Old Oak se déroule dans une petite localité anglaise frappée par le chômage, où le pub local va accueillir des réfugiés syriens, au grand dam d’une partie de la population. À 86 ans bien sonnés, Loach pourrait bien devenir le seul à décrocher une troisième palme d’or, après celles pour Le vent se lève en 2006 et Moi, Daniel Blake en 2016. Mais récompense ou pas (la cérémonie de clôture est diffusée en direct sur France 2 ce samedi 27 à 20h50), Loach ne se départira pas de son humilité. À Thierry Frémaux, le directeur du festival, qui lui annonçait sa sélection cannoise, le réalisateur a demandé: “Vous êtes sûr?”, voulant s’assurer que son film était choisi pour ses qualités et pas pour un quelconque privilège d’ancien lauréat. En 2016, lors de son discours de remerciement pour sa ­deuxième palme, il déclarait: “Il faut dire qu’un autre monde est possible et même nécessaire”. Des paroles plus que jamais d’actualité.