Croisières, bienvenue à bord de l'enfer : une enquête sans filtre

Diffusion le 19 juin à 21h25 sur La Trois

À votre gauche, un univers glamour et radieux qui permet à des âmes romantiques de s’en aller voguer sur des flots aussi lointains que paisibles. À votre droite, le documentaire d’un Américain nommé Michael Cordell, qui a décidé d’ausculter le secteur des croisières d’un peu plus près, en s’aventurant dans des coulisses beaucoup moins ensoleillées que leurs piscines à ciel ouvert. Une enquête sans filtre qui, malgré un ton sensationnaliste qui néglige parfois la nuance, a le mérite d’aborder frontalement ce que beaucoup n’osent même pas dénoncer tout bas. Et pour cause: on est dans une industrie qui, juste avant la crise, pesait tout de même 150 milliards de dollars.

Parmi les ombres du tableau, un chiffre effrayant: en 2019, pas moins de 101 cas d’agression sexuelle ont été signalés à bord des navires, tandis que 15 rapports de viol ont été établis. C’est tout simplement le crime le plus commis lors de ces virées maritimes à l’image clinquante, loin devant les affaires d’objets ou d’argent dérobés. Derrière cela, Michael Cordell évoque les blessures, les gastros généralisées, les disparitions ou même les décès qui peuvent survenir lors d’un voyage de ce type. Les conditions de travail du personnel? Elles valent aussi leur pesant de blâmes. Et bien sûr, histoire d’être exhaustif, l’investigateur n’oublie pas d’analyser les dernières données ­disponibles en matière d’empreinte ­écologique. Car ce n’est pas un scoop: ces mastodontes d’acier sont de véritables désastres flottants en matière d’émission de CO2. La bonne nouvelle? Le secteur est aujourd’hui en pleine transition, et il ne se passe pas un jour sans que des progrès soient réalisés ou annoncés. Mais la question à mille euros est toujours un peu la même: entre tout le mal qui est fait et tout le bien qui se profile, quelle partie de l’iceberg est la plus visible?