Barbie, la femme parfaite ? Un documentaire sans nuance et décevant

Diffusion le 25 août à 22h40 sur Arte

Greta Gerwig risquait gros en envoyant la célèbre poupée en plastique dans le monde réel, mais cela a payé. Porté par un battage marketing excessif, Barbie est ­devenu plus qu’un film, un phénomène. La réalisatrice est désormais la première femme à passer le cap du milliard de dollars de recettes au box-office mondial.

Arte surfe sur cette vague rose bonbon, en revenant sur le mythe de la poupée aux jambes interminables. À commencer par sa création à la fin des années 50, lorsque les fillettes jouaient seulement avec des poupons pour être préparées à leur rôle de mère. Avec Barbie, cette blonde au CV imbattable, les enfants comprennent que tout est possible. ”Si elle l’est, vous pouvez l’être aussi”, lance la vice-présidente de Mattel, qui présente cette figurine comme un modèle d’émancipation et de diversité. Fauteuil roulant, vitiligo, hijab, trisomie 21. Les poupées inclusives se sont multipliées ces dernières années, même si la Barbie à laquelle tout le monde pense reste un symbole d’une beauté aux standards ­irréalistes et d’un capitalisme sexualisé. Mais ça, on n’en parle quasi pas. Car, à l’image de certaines critiques dont le film événement a fait l’objet, ce documentaire ne fait rien de plus que la ­publicité de Mattel, en soulignant par exemple son travail d’empowerment ­féminin, à coups de Barbie personnalisées pour une biologiste marine ou une ­ancienne sportive devenue paraplégique. Là où le long-métrage de Greta Gerwig le faisait avec beaucoup de cynisme, ces 50 minutes emploient un premier degré agaçant et fuient les sujets qui fâchent. L’expression “source d’inspiration” y est répétée une quinzaine de fois. Les intervenantes sont des fans absolues. L’une d’entre elles ose même dire que ”Barbie est une façon de représenter la vie”. Mattel a trouvé son nouveau slogan.