Le film de votre soirée: Mes rendez-vous avec Leo, Emma Thompson se met (littéralement) à nu

Hollywood a peur de l’âge. Emma Thompson lui montre son corps sublimement imparfait.

Leo
© Prod.
Diffusion le 26 août à 20h30 sur Be1

Elle est audacieuse dans un film qui aborde avec douceur le désir au féminin. Même si le temps arrive où le regard change lentement sur le patriarcat et la tyrannie du corps parfait, où Andie MacDowell arbore une belle et épaisse chevelure grise, où Kate Winslet envoie valdinguer prestement les saucissonneurs payés pour vous dessiner des courbes impossibles à coups de Photoshop, où la pub même fait du gringue aux femmes rondes, Mes rendez-vous avec Leo avait tout du projet casse-pipe. Parce qu’on est toujours dans une société de la performance où on affiche sa réussite éclatante sur Facebook et où la mort, la maladie ont été glissées sous le tapis de la “réalité augmentée”. Alors, la vieillesse, vous imaginez? Cachez ces rides que je ne saurais voir. Et voilà-t-il pas que ce sont quatre pas de deux au lit en huis clos qu’entend nous montrer la réalisatrice Sophie Hyde. Mais de quels “deux”? Une prof à la retraite, coincée, veuve, qui n’a jamais connu l’orgasme et un jeune type vaguement comédien aux abdos finement taillés et à la séduction arrogante. Nancy, la prof, s’est payé ses services d’escort boy, avec l’intention d’accéder enfin à ses désirs.

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Le film aurait pu verser dans le comique gros sel, mais la délicatesse du regard de Hyde désamorce toute tentative de rire des personnages pour nous faire rire avec eux. Parce que c’est drôle. Et tendre aussi. Rapidement, ce n’est plus le récit d’un vieux corps qui passe au contrôle technique pour enfin ronronner, mais le début d’une histoire. Derrière les bouts de chair exhibés par une audacieuse et sublime Emma Thompson transfigurée, des sentiments. Et sous les abdos, des blessures. Et une vraie rencontre, émotionnelle, ­sensuelle. Montrer sans revendication la beauté folle d’une actrice de 63 ans telle qu’en elle-même, quelle excellente idée pour empêcher la cynique ­Hollywood de balancer à la casse les comédiennes de plus de 50 ans et leur offrir des sujets forts. Parce qu’elles le valent (drôlement) bien!

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