
Capture d'étrons: le Vlaams Belang va-t-il perdre sa dotation?

Épisode familial pas si ancien… Moi: dites, les Louloutes, c’est quoi, euh, une capture d’écran? Louloute 1, les yeux aux ciels: c’est comme une photo de ce que tu vois sur l’écran de ton Huawei, comme ça. Moi: donc je peux la conserver, alors? Louloute 2, condescendante: ben ça s’enregistre direct dans ta galerie photos! Moi: ah, OK. Et on ne se moque pas! Surtout pas dans les travées du Parlement, où on n’a visiblement pas mieux capté tous les bienfaits de la capture d’écran. Elle, si. En 2019, à 26 ans, Mélissa Hanus était élue plus jeune députée (PS) de la Chambre. Où elle découvre atterrée que ses “collègues” de l’extrême-droite (flamande) postent en toute impunité des incitations à la haine et des propos racistes sur les réseaux sociaux. Sans réaction des autres députés. Pire: le contribuable paye pour ça, puisque le Vlaams Belang (18 députés) palpe une dotation publique de 7,9 millions par an. Et ce parti est de loin le plus dépensier en pub sur les réseaux. Il ne fait d’ailleurs à peu près que ça. Mais à la sournoise. N’ignorant pas que leurs étrons tombent sous le coup de la loi (et de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme), ils les publient juste le temps qu’ils percolent sur la toile, puis les suppriment rapido. Avant bien sûr d’aller ânonner leurs crétineries simplistes la bouche en cœur sur le plateau de la VRT, puisque le cordon sanitaire n’existe pas en Flandre comme dans les médias francophones.
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Et donc Mademoiselle Hanus a eu une idée toute bête qui pourrait faire très, mais alors très mal au VB: presser l’icône “capture d’écran” de son téléphone à chaque publication (éphémère) d’un mandataire du Belang sur Facebook. En dix mois, elle a capté 130 propos “à caractère haineux ou d’incitation à la haine”. Des “preuves” qu’elle va porter au Conseil d’Etat, seul à pouvoir priver un parti de sa dotation (pour hostilité manifeste à l’égard des droits de l’homme). Pour être certaine que ses “vieux” collègues députés la soutiennent et que le Conseil d’Etat lise tout bien comme il faut, la gamine a eu une autre idée pas sotte: retranscrire tout ça à l’ancienne, dans un livre avec des vraies pages en vrai papier. On n’est jamais trop prévoyant(e).