
Merci le CD&V. Et au revoir...

Il fait beau ce 21 juillet 2007, jour de Te Deum à Saint-Michel et Gudule. Guilleret, Yves Leterme est sur les marches de la cathédrale et se prête au jeu: entonner notre hymne national face caméra. Et il y va, trois, quatre: "Allons enfants de la patrie-i-e…" Le bonhomme veut devenir Premier ministre belge, et il chante la Marseillaise. Il est comme ça, Yveke: gaffeur. Et de bourde, il en a commis une autre bien moins gag trois ans plus tôt. Depuis 2003, il est à la tête du CD&V, premier parti de Flandre. Et là, en mars 2004, le président Lagaffe annonce ceci: le CD&V formera désormais un cartel électoral avec la N-VA. Qui est un nain, à l’époque. Avec en tête de gondole Yves Leterme et un Bart De Wever encore bedonnant, le CD&V/N-VA vole de victoire en victoire.
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Jusqu’au triomphe de juin 2007 où Yveke devient "Monsieur 800.000 voix" en Flandre. C’est ici que la Belgique part en coucougnettes. Parce que le "stratège" du CD&V n’avait pas bien lu: la N-VA veut l’indépendance de la Flandre, donc détruire la Belgique. C’est écrit mordicus en première ligne de son programme. En accueillant BDW & Consorts, le leader à courte vue du CD&V a renforcé le nationalisme-séparatisme flamand, en le légitimant par inclusion. Devenue présidente, Marianne Thyssen laissera d’ailleurs tomber ce cartel en 2008. Oups, pardon! Mais trop tard. Le CD&V a déjà enfanté l’ogre N-VA qui le bouffe de l’intérieur en lui imposant ses obsessions (ultra)-droitières conservatrices.
Les électeurs CD&V n'étaient pourtant pas tous, loin de là, des nationalistes d’extrême-droite soft. Jadis rassembleur au centre, le CD&V teinté de N-VA a fini par dégoûter son aile progressiste. Et la droite de l'ex-CVP a fait simple: elle a migré à la N-VA. Le modèle d’autodestruction est juste parfait. Ajoutez un CD&V toujours aussi rétrograde sur les sujets éthiques (avortement, euthanasie), et il vous reste en 2022 un parti "hors du temps". Superflu. Dont le dernier président, Joachim Coens, vient de démissionner suite à un mauvais sondage (de plus): le CD&V est dernier parti de Flandre (à 8,7%). Et nous laisse un chouette héritage: une Flandre N-VA + Vlaams Belang à quasi 50% en 2024. Donc une Belgique ingérable. Merci Yves.