Le jackpot empoché par TotalEnergies sur le dos des victimes de la guerre

Alors on va continuer? C’est ça notre modèle économique? Notre idéal de société? Notre futur? D’un côté, des ménages bousillés par des factures énergétiques. Des indépendants zigouillés parce qu’ils ne peuvent simplement plus payer l’énergie nécessaire à leur activité. Des travailleurs incapables de payer le carburant… pour se rendre au travail. Des États qui se ruinent en primes énergie. Et en face, des joyeuses compagnies fossiles qui se bâfrent comme jamais. C’est de saison, les multinationales pétrolières et gazières sortent leur bilan annuel. Après ExxonMobil, Shell et BP, voici donc TotalEnergies. Au siège du groupe français à Courbevoie, on avait déjà sorti le Dom Pérignon en février dernier: 13,6 milliards de bénéfice net dans la popoche en 2021, en hausse de 40 % par rapport à 2020! Un an plus tard, on vient de ressortir les jéroboams: 20,5 milliards de bénéfice pour 2022! Je répète: vingt virgule cinq milliards! Et encore, souligne-t-on là-bas avec une ch’tite pointe de regret, si Total n’avait dû se désengager de Russie, le bénéfice aurait été de 36,2 milliards.

Environnement "favorable"

Pour expliquer son monstrueux bénef, le P.-D.G. de Total, Patrick Pouyanné, souligne gaiement dans un communiqué que l’entreprise a bénéficié d’un “environnement favorable”. Le Monsieur se félicite notamment qu’en 2022, le groupe ait “pleinement tiré parti de son portefeuille GNL”. C’est-à-dire du gaz naturel liquéfié, amené en Europe par des méthaniers pour remplacer petit à petit celui des gazoducs russes. Du gros bingo. Avant que je ne m’énerve vraiment, quelqu’un pourrait-il expliquer à ce gaillard que l’environnement “favorable”, c’est une guerre. Des dizaines de milliers de morts. Patoche, tu m’écoutes? Tes colossaux bénefs sont des bénefs de mort. De l’argent sale, pas mieux. Et “pleinement tirer parti”, c’est profiter de cette situation “favorable” pour surfacturer ton gaz et tes carburants. Donc une forme d’extorsion. Légale, mais crade. À ta décharge, je dois à l’honnêteté de te signaler qu’en août dernier, un grand économiste de chez nous, Georges-Louis Bouchez, nous expliquait que “les surprofits, ça n’existe pas en économie”. Donc les surprofits de guerre non plus… Mais ça tu le savais.