Grève Ryanair : l'indigne réalité qui se cache derrière le low cost

Avis à celles et ceux qui se plaignent des grèves à répétition du personnel de Ryanair.

ryanair
© BelgaImage

Un syndicat, ça sert à rien! Une grève non plus. Si, à emmerder le client “pris en otage”. Et en plus, ça fait que plomber le business! C’est la tirade favorite de Michael O’Leary, le fanfaron patron de Ryanair. Qui est d’ailleurs rejoint dans son “analyse” par quelques clients. Si! J’en connais. De ceux qui traversent l’Europe sans se demander une milli-nanoseconde ce qu’il y a derrière ces billets à 29,99 euros. Peut-être bien qu’il y a des gens. Comme du personnel de cabine. Et peut-être que pour eux, il y a de la misère. Non?

Nos dernières vidéos
La lecture de votre article continue ci-dessous

Voyons voir ce que gagne une hôtesse ou un steward dans le beau monde low ost du très cher Monsieur O’Leary: 2.000 euros brut, donc 1.400 net. Et pas garantis: une partie est fixe, le reste dépend des heures de vol prestées et des mauvais sandwiches ou des tombolas “caritatives” vendus à bord. Certains mois, ce sera donc 1.800 euros. Brut! Parfois, quand on bosse au beau pays de Ryanair, on est en “stand-by” à l’aéroport. Obligé. Mais si on n’est pas appelé, ces jours ne sont pas payés. Rien. Idem quand on attend des heures en transit ou pour être rapatrié: pas payé. Et bien sûr rien à boire, ni à manger. Les boissons dans l’avion? Payantes pour le personnel aussi: 3 euros la bouteille d’eau. Les chèques-repas ou les frais de transport domicile-aéroport? Parfois “oubliés” ou pas justes, ça dépend. Du tout pourri organisé. Et donc chez nous, sur les 400 membres du personnel de cabine de Ryanair, il n’y a pas de Belges. Chef O’Leary est allé les dégoter ailleurs, dans les pays “pauvres” de l’Union. Des plus malléables. Et corvéables. Sauf que oups… Ces 400 employés “déplacés” ont fini par se regrouper dans deux syndicats aériens belges. Et à user du droit de grève: onze fois depuis juin 2022.

Et? Et donc voilà que jeudi dernier, ces syndicats et la direction de Ryanair ont signé une nouvelle “convention collective de travail” pour le personnel de cabine. La première en Europe. Donc pas la dernière. À partir du 1er mars, la compagnie irlandaise devra garantir un salaire minimum légal fixe: 2.150 euros brut. Et payer toutes les heures de prestation. Et tous les chèques-repas. Et tous les frais de transport. Et l’eau. Peut-être que ça sert à ça, un syndicat: à empêcher un rapace coléreux de pratiquer l’esclavage moderne. Et à sortir de l’indignité.

Débat
Sur le même sujet
Plus d'actualité