

Deux Belges sur dix sont des insomniaques chroniques, six sur dix passent trop souvent de mauvaises nuits. C’est 10 % de plus qu’il y a cinq ans, une hausse qui s’est marquée avec les confinements et la pandémie. Anxiété en hausse, activité physique en baisse, consommation frénétique des écrans, tous les tueurs de sommeil étaient réunis. Malheureusement, ce n’est pas la guerre en Ukraine qui va ramener l’insouciance nécessaire à l’endormissement. De toute façon, même en temps de paix, notre société ne nous laisse pas au repos. Chaque minute doit être contrôlée, productive ou distrayante, mais toujours intensément. Le lâcher-prise est vécu comme une faiblesse. Le retrouver est pourtant le premier des objectifs de la Clinique de la fatigue, associée à deux hôpitaux universitaires. Très vite, ne pas dormir est une telle torture qu’on préférerait plonger dans les pires cauchemars que rester éveillé. Au-delà de cette perception intime, le manque de sommeil se traduit par de graves déséquilibres physiologiques, cardiaques et neuropsychiatriques. La science sait notamment qu’endormi, notre cerveau s’autonettoie des toxines dont l’accumulation peut mener aux maladies d’Alzheimer ou de Parkinson. C’est dire, comme l’expliquent le grand neurologue Steven Laureys et notre dossier, combien soigner son sommeil est un bon investissement.