View from my window, une fenêtre ouverte sur le monde confiné

Alors que la moitié de la population mondiale est privée de sortie, une Belge s’est posé une simple question: que voient-ils de leur fenêtre? Deux semaines plus tard, son groupe Facebook rassemble plus de 350.000 personnes des quatre coins du monde.

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Les chiffres du groupe Facebook “View from my window” donnent le tournis. 35.000 photos. 550.000 commentaires. 6 millions de likes. Le tout grâce à plus de 356.000 membres. “Et ça ne cesse de croître. Je peux vous assurer que ce week-end, on est déjà à 500.000”. Barbara Duriau n’en revient pas. Celle qui se cache derrière ce groupe lancé le 23 mars dernier ne s’attendait pas à un tel succès. “J’en suis très heureuse, même si je ne réalise pas trop ce qui m’arrive.

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Tout est pourtant parti d’une idée “tellement simple”. Au début du confinement en Belgique, cette graphiste passionnée de voyages a publié la photo d’une fenêtre donnant sur un nuage rose. “De là, je me suis demandé quelle était la vue de ces millions de personnes confinées, cette vue à laquelle ils allaient être confrontés pendant les semaines, voire les mois à venir”, explique la Belge habitant aujourd’hui dans un appartement de 27m2 à Amsterdam. C’est ainsi que le groupe Facebook View from my window est né.

Contre la solitude

Son concept est simple. Comme son nom l’indique, chaque membre du groupe capture la vue de sa fenêtre et la partage, en indiquant la ville et le pays où il habite. De Bruxelles à New York, en passant par Tokyo, Milan ou encore Bogota, le groupe rassemble des confinés du monde entier. “Le but c’est vraiment de connecter les gens, d’ouvrir une fenêtre sur le monde, contre la solitude du confinement”, explique la globe-trotteuse de 47 ans.

Plein de contrastes

Face à la piscine à débordement à Miami ou le jardin rempli de kangourous dans le Queensland en Australie, certains pourraient hésiter à publier leur vue sur un parking ou sur un immeuble. Mais Barbara Duriau les encourage fortement à le faire. “Au début, c’était un peu un concours de celui qui aura la plus belle vue”, regrette-t-elle, même si aujourd’hui les contenus sont plus variés, sans filtre. “Le but c’est simplement de publier sa vue, quelle qu’elle soit. C’est justement ça qui fait la richesse de ce groupe. Les gens qui se vantent un peu trop de la chance d’avoir un jardin ou une piscine, c’est l’antithèse de ce groupe.”

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© Capture d'écran Facebook / View From My Window / Rose Bolton

Au-delà de l’invitation au voyage, View from my window invite à la réflexion et prouve que nous ne sommes pas tous égaux face au confinement, sans oublier celles et ceux qui ne peuvent pas se confiner parce qu’ils n’ont pas de chez eux. Le groupe pointe tout de même un point commun, fédérateur en ces temps difficiles: “nous sommes tous confrontés à ce coronavirus.

Avec autant de membres, venant des quatre coins du monde, les publications ne s’arrêtent jamais. “Quand on en approuve une, on a trois nouvelles qui arrivent. C’est un truc de fou”, explique la Belge née à Binche, qui, malgré l’aide de plusieurs modérateurs, travaille en moyenne 15 heures par jour bénévolement. “C’est une belle aventure, mais c’est très difficile à gérer”.

Solidarité et bienveillance

Pour rester motivée, Barbara Duriau peut compter sur l’une ou l’autre publication qui lui réchauffe le coeur. Comme le message de cet homme de 73 ans, “du fin fond des Etats-Unis”, qui la remercie parce que ce groupe lui permet de réaliser ses derniers voyages. Ou encore la vue sur des poubelles de cette mère de famille logeant dans la maison de son fils. “La plus belle vue”, d’après elle, car elle signifie qu’elle est auprès de sa famille, et non seule dans sa maison de retraite.

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© Capture d'écran Facebook / View From My Window / Lyn Coffin

Et une fois que le confinement sera levé? La graphiste a quelques idées en tête pour l’avenir de son projet. “Depuis le début, je pense à faire de ce groupe une exposition nomade qui parcourt les pays et villes publiés par les membres. Il y en a qui reviennent beaucoup: les Etats-Unis, la Belgique et l’Australie pour le podium des pays, et Bruxelles, Rio de Janeiro et Sydney pour les villes.” Elle aimerait aussi en faire un livre afin de garder une trace de cette initiative qui a marqué de nombreuses personnes. En ces temps confinés, c’est leur bouffée d’oxygène, celle qui rassure: ils ne sont pas seuls.

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