
Vacances d’été en terres connues

Cet été, Christophe et Justine ont opté pour des vacances dans le sud de la France, qu’ils rallieront en voiture. “Avec des amis, nous avons loué une villa avec piscine pour être le plus autonomes possible et éviter de dépendre des plages ou d’autres services, au cas où les mesures qui seraient prises en retreindraient l’accès”, précise Christophe. Justine quant à elle se rendra dans la maison de sa marraine… C’est que l’épidémie a mis à mal nos plans de vacances et nous force à les revoir en tenant compte des nouvelles normes et règles en vigueur en cette période. Aux interdictions d’hier succède un avenir plus dégagé, mais les autorisations d’aujourd’hui ne seront pas pour autant garanties demain. Les vacances sont placées sous le signe de l’incertitude, mais il en faut plus pour enlever au Belge une petite envie de dépaysement, même près de chez lui. Touring a pris la température. Son baromètre des vacances 2020 rappelle que 63 % des Belges ne souhaitent pas annuler un voyage déjà prévu. Deux Belges sur cinq ont d’ailleurs toujours l’intention de réserver un voyage à l’étranger. La France, l’Italie et l’Espagne n’ont pas perdu leurs places sur le podium des destinations préférées. Rien de nouveau sous le soleil du Sud, désormais accessible à tous depuis la mi-juin. Accessible… mais plus forcément dans les plans de tous. “Nous passerons nos vacances en Belgique, en partie chez nous avec quelques sorties ou restos pour le plaisir et pour soutenir les travailleurs du secteur, et en partie en louant une semaine une grande maison dans les Ardennes où nos enfants et petits-enfants seront les bienvenus”, souligne Marie-Hélène. Quentin fera un trek autour des abbayes trappistes. Noémie, Ilse et Catherine préféreront passer la semaine à la mer du Nord. Avant la crise, seuls 6 % des Belges comptaient profiter de leurs vacances au pays. Désormais, ils sont 27 %.
La lecture de votre article continue ci-dessous
Voyage terroir
L’été des Belges en Belgique, voilà un filon que les agences de voyages, en difficulté, n’ont pas laissé passer. “Les réservations recommencent timidement, après trois mois de total néant, constate Frank Bosteels, porte-parole de l’agence Connections. Nous n’en sommes cependant qu’à 25 % du volume de réservation normal pour cette période de l’année. C’est loin d’être le raz-de-marée.” Face aux incertitudes quant aux réouvertures des frontières et leurs conditions, l’agence, habituellement spécialisée dans les voyages long-courriers, a dû se réinventer. “On sait que la capacité d’hébergement en Belgique est réduite, donc on a monté un projet de glamping à Durbuy. C’est un concept que l’on proposait en Thaïlande ou à Bali, et qui rencontrait là-bas un beau succès. On a donc eu l’idée de transposer cela ici.” Résultat: un camping de luxe dans la plus petite (et très touristique) ville de Belgique, avec au menu des activités aux consonances exotiques pour donner, depuis la vallée de l’Ourthe, un sentiment de dépaysement. La crise du coronavirus aura aussi modifié les envies. Les vacances à la plage et au soleil attiraient encore 33 % des Belges avant le confinement, tandis que les séjours dans la nature, la découverte de régions et les citytrips atteignaient les 22 %. Après le Covid, les Belges craignent les restrictions annoncées sur la plage (et les images de plages bondées au Royaume-Uni qui circulent ces derniers jours sur le Net ne sont pas pour nous rassurer), dans la restauration et autres. Les vacances à la plage et au soleil chutent donc maintenant à 25 % et les citytrips à 19 %, tandis que les vacances dans la nature augmentent à 33 % et la découverte de régions à 31 %. La Wallonie jubile. Dans les agences de voyages, on exploite le slogan “vacances nature” à son maximum, y compris en dehors de nos frontières. “On a développé une offre sur l’Europe en tenant compte de la volonté des gens d’éviter les endroits trop bondés. On s’est focalisé sur des destinations moins connues comme l’Albanie, la Géorgie ou la Slovénie et on propose des voyages qui permettent aux gens de rester dans leur bulle”, explique Frank Bosteels. Cet été sera donc celui des road et autres boat trips d’aventuriers. La crise a aussi laissé sa marque sur les transports. “Les destinations atteintes en une journée de voiture sont privilégiées. L’accessibilité semble être devenue un critère essentiel.” Environ 6 Belges sur 10 partiront en vacances en voiture, contre 42 % en avion. Avant la crise, ces chiffres étaient respectivement de 56 % et 57 %.
Retour à l’aéroport
Depuis le début du confinement, le hall de l’aéroport de Zaventem faisait grise mine. En ce matin du premier juillet, il a retrouvé un peu de ses couleurs, même si on est loin de l’affluence des autres années. “En cette période nous accueillions d’habitude entre 85 et 95.000 passagers en fonction des jours. Aujourd’hui, on passe pour la première fois depuis trois mois le cap des 10.000 personnes”, annonce Nathalie Pierard, porte-parole de Brussels Airport. “Pour une fois, on est contents de voir des files”, sourit-elle, derrière son masque, en voyant les allées enrubannées se remplir peu à peu. La reprise du secteur aérien est cependant timide. On ne se presse pas à l’entrée et la moitié des guichets sont vides et inoccupés. Seulement 140 vols décolleront ce jour sur les quelque 650 initialement prévus avant le coronavirus. “Les compagnies aériennes opèrent vers l’Europe comme avant mais avec moins de capacité car elles s’adaptent en fonction de la demande. Pour le moment, le taux de remplissage des avions est de 60-70 %.”
Retour à la normale... en 2022
C’est aussi le grand retour des familles avec enfants, qui avaient déserté le hall au profit des voyageurs d’affaires ou des rapatriés stressés. Entre deux serpentins de rubans, dans la file direction Madrid, deux enfants, assis par terre, ont déjà sorti leur jeu de société. “Nous attendons depuis deux heures. On doit aller à Malaga, avec une heure de transit entre les vols, explique leur père. Si ça continue, on n’y sera pas ce soir.” Les vacances familiales, réservées de longue date commencent déjà dans l’incertitude, mais pas dans le stress de prendre l’avion au temps du coronavirus. “Il faut suivre les règles, c’est tout!” Tout le monde porte le masque, obligatoire dans le hall de l’aéroport, et est passé au contrôle de température pour pouvoir y entrer. “Mon besoin d’évasion est plus fort que la peur du coronavirus. Je crois qu’il faut apprendre à vivre avec”, clame un passager. Un avis qui semble partagé par la plupart de ces vacanciers.
“On ne va pas s’arrêter de vivre!”
Brussels Airport n’envisage pas de retour à la normale avant 2022, voire 2023. “La reprise sera longue et progressive, énonce Nathalie Pierard. On s’attend à un million de passagers sur les deux mois alors que l’an dernier, année record, c’était 5,3 millions. On imagine retrouver 50 % de notre offre d’ici la fin de l’année.” Les annonces tombent au compte-gouttes. Les plans de vacances aussi. Le last minute semble d’ailleurs avoir la cote. “Les gens attendent de savoir s’ils peuvent voyager, et comment ils pourront le faire, précise Frank Bosteels. Cependant, le porte-parole de Connections ne se fait pas d’illusions: cette année restera mauvaise, le déficit causé par la crise sera loin d’être comblé. “On ne sait pas où on va et comment les choses vont se présenter. On est confronté à une situation inédite, c’est la découverte totale.” Les agences de voyages, tout comme les aéroports et les compagnies aériennes tentent pourtant de se montrer optimistes. “Les clients reviennent, même si c’est juste pour se renseigner.” Lentement mais sûrement. “On imagine qu’au fur et à mesure de l’été, il y aura de plus en plus de destinations et de plus en plus de vols, raisonne de son côté Brussels Airport. On devrait avoir une centaine de destinations pour juillet, et environ 140 pour août, sur les 230 que nous avons habituellement à la même période.”
Les destinations accessibles aux vacanciers belges sont régulièrement mises à jour sur www.diplomatie.belgium.be.