
Un purificateur d’air est-il vraiment nécessaire?

Après Samsung, Phillips, Dyson, Xiaomi et les autres, Ikea s’est engouffré dans la brèche des purificateurs d’air et propose son modèle, le Förnuftig. La chose pourrait passer pour une anecdote qui prête à sourire, le géant suédois de la déco n’étant pas spécialement attendu dans le domaine. Pourtant, la chose révèle une véritable tendance. Depuis le début de la pandémie, les purificateurs d’air sont devenus presque aussi indispensables que les masques. Fortement recommandés dans les cafés, restaurants, salles de spectacle et écoles, ils font aussi leur place dans nos maisons. Mais sont-ils vraiment utiles ou symbolisent-ils un luxe dont on pourrait se passer?
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Comme le souligne Marie-Odile Bleuzé, pneumologue au Centre hospitalier de Mouscron, à l’heure où de plus en plus de personnes sont allergiques, un purificateur d’air ne peut être que bénéfique - pandémie ou pas. L’air de nos maisons est pollué, et un peu plus encore si on est adepte des sprays désodorisants, des huiles essentielles ou si on possède un feu au bois ou une cassette. “Auparavant, la ventilation des maisons était suffisante, précise Marie-Odile Bleuze. Mais depuis une vingtaine d’années, l’isolation s’est développée. Par ce biais, on réalise des économies de chauffage mais on isole aussi tous les polluants domestiques - pollen et allergènes, bactéries, odeurs, bactéries ultrafines - et ceux à base de formaldéhyde (issus des produits ménagers et des matériaux de construction, rénovation et décoration – NDLR). Dès lors, purifier l’air, en complément d’une aération suffisante, est intéressant.”

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Dans quelle pièce?
Il faut, avant tout, bien choisir son appareil. On en recense deux principaux. Le premier, également appelé ioniseur, produit des ions négatifs qui, une fois expirés dans l’air ambiant, entrent en contact avec les particules polluantes et les neutralisent. Meilleur marché, l’ioniseur est aussi moins efficace. On lui préfère le purificateur d’air à filtre HEPA. Le principe est simple: il aspire l’air, retient les contaminations présentes, filtre les éléments polluants et expulse un air plus sain. Attention, comme le souligne Marie-Odile Bleuzé, il ne s’agit pas d’une solution magique car “ces appareils ne suppriment pas toutes les mauvaises particules et ne pourront jamais remplacer une bonne ventilation de la maison.” L’endroit dans la maison où est placé le purificateur a évidemment toute son importance. Les différents modèles sont pour la plupart aisément transportables, mais s’il faut choisir une place fixe, on privilégie souvent la chambre à coucher, c’est-à-dire l’endroit de la maison où on reste le plus statique sur une longue durée. Un lieu clos où prolifèrent - on le sait - les acariens. On peut également placer un purificateur dans les pièces de la maison où se concentre le plus de monde et où la ventilation est négligée, voire absente. Il faudra également veiller à bien entretenir son matériel. Les filtres doivent être régulièrement nettoyés et changés (tous les six à douze mois en fonction des modèles). Et bien sûr, il est primordial de maintenir une hygiène correcte dans la maison, sur laquelle Marie-Odile Bleuzé insiste. “Utiliser un purificateur d’air dans une maison où les tapis ne sont jamais aspirés n’a absolument aucun sens”, rappelle-t-elle. Sans oublier la règle d’or pour un air propre: aérer matin et soir. Marie-Odile Bleuze partage les conseils qu’elle donne quotidiennement à ses patients. “Il ne sert à rien de laisser sa fenêtre ouverte toute la journée, explique la pneumologue. On estime qu’un volume de 10 m3 se renouvelle en même pas trente minutes en oscillo-battant. Ouvrez vos fenêtres dix minutes le matin et dix minutes le soir, c’est largement suffisant.”
Les purificateurs d’air représentent un certain budget. Certains modèles sont pourtant disponibles à moins de 50 euros, mais la prudence est de mise. Il faut se poser les bonnes questions: la qualité de filtration est-elle proportionnelle au prix? Quelle sera la durée de vie de l’appareil? Quelle sera sa consommation en énergie? Un purificateur d’air n’est pas indispensable partout. “On aura plutôt tendance à acquérir ce genre de système quand on est citadin et plus exposé à la pollution des gaz d’échappements. Quand on vit en pleine campagne, l’aération reste l’alternative idéale”, conclut la pneumologue.
Guide d’achat
Les modèles se succédant sans cesse, il est parfois difficile de faire un choix. Notre sélection dans les meilleurs rapports qualité/prix.

Samsung AX60R5080WD
Le plus haut de gamme chez le fabricant coréen, ce purificateur peut gérer, grâce à son système de filtration à trois couches (préfiltre, filtre à charbon et filtre HEPA), une surface de 60 m2 et propose trois puissances de purification. Il est sur roulettes (facile à déplacer), l’application smartphone permet de le contrôler, son fonctionnement est assez silencieux. Le design est un peu old school et ses dimensions rendent plus difficile son intégration dans nos foyers. Disponible aux alentours de 300 euros.
Philips AMF220/15
C’est le modèle “tout-en-un”: il peut purifier l’air mais aussi servir de chauffage d’appoint lors de périodes plus froides, ou de ventilateur. Muni d’un système de filtration à trois couches, il peut prendre en charge une surface de 39 m2. Les plus: faible poids (moins de 5 kg), capacité à effectuer une rotation à 350°, télécommande et design. Les moins: sa puissance sonore (minimum 47 dB selon Philips) et l’absence d’une application smartphone. On le trouve aux alentours de 240 euros.
Rowenta Eclipse QU5030F0
L’un des plus beaux modèles sur le marché. Argentée, il peut gérer une surface de 52 m2 et fait aussi fonction de ventilateur. Il a une faible consommation en énergie, et son fonctionnement est silencieux (32 dB). On regrettera l’absence d’une application smartphone. Aux alentours de 280 euros.