La cure de vitamines, une bonne idée ou un mauvais plan ?

Les jours se raccourcissent, le temps se met au gris et le manque de soleil se fait ressentir. De même que les premiers rhumes et refroidissements. Face à ça, nombreux sont ceux qui se tournent vers une cure de vitamine. Mais est-ce une si bonne idée ?

Cure de vitamines
Entamer une cure de défense immunitaire est-ce une si bonne idée ? © Belga Image

Dans une étude réalisée par Incara Lab en 2021, on apprend qu’en Belgique environ deux tiers de la population consomme des compléments alimentaires régulièrement. Autour de 35% en prennent tous les mois et 40% à chaque changement de saison. Pour la plupart, il s’agit de femme (près de 75%).

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Fort de son constat, on se rend compte assez vite que l’offre pullule, sur les réseaux sociaux comme à la télévision. Et que bon nombre de personnes semblent en vanter les mérites. Mais est-ce une si bonne idée ?

Car si le marché semble effectivement en plein essor, il s’avère que chacun y va de sa propre expérience et que ces cures sont encore rarement encadrées par des professionnels. D’ailleurs ces dernières sont très souvent abandonnées en cours de route. Plus d’une personne sur deux (53%) n’atteint pas le terme de sa cure de vitamines. Et ce taux explose pour atteindre les 70% auprès des consommateurs ponctuels et grimpe jusqu’à 78% chez les plus jeunes (18-34 ans)

Une cure ce n’est pas adapté pour tous

Dans les colones du site 7sur7 le nutritionniste Damien Pauquet rappelle que la prise de vitamines n’est pas conseillée à tous. « On déconseille la prise de compléments alimentaires à trois types de personnes. Premièrement, aux enfants de moins de dix ans. Deuxièmement, en cas de problème de santé, il faut absolument l’avis d’un médecin. Et enfin, on déconseille également les cures de compléments pour les femmes enceintes ou qui allaitent. Pour tous les autres individus, a priori, il n’y a aucun danger » 

Enfin, sans danger, cela reste un sujet ouvert au débat. Comme le rappelle Matthieu Marty, nutritionniste également, interrogé par le Dauphiné. Pour l’expert, l’intérêt réel de ces cures est assez limité dans le cadre d’une personne qui a un mode de vie saine et/ou un alimentation équilibrée. Pire encore, cela peut mener à une hypervitaminose, c’est-à-dire un excès de vitamines. « Ce qui est contre-productif », avertit le nutritionniste. « Il existe en effet un principe physiologique nommé « hormèse ». Il implique qu'une augmentation d'une substance biologique bénéfique (tel que les micronutriments) devient alors négative lorsqu'elle dépasse un certain seuil. Par exemple, le fer présente un intérêt indispensable. Mais consommé en excès, il aura un effet pro-oxydant, il va en quelque sorte rouiller les cellules. Ce principe de l'hormèse est donc à respecter, en ne consommant pas de compléments alimentaires sans avis médical, en suivant juste les publicités. » rappelle-t-il

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Comment expliquer leurs succès ?

Pour Matthieu Marty « le premier argument de ces cures est… marketing. Le marché des compléments est très important. Il joue sur l'ignorance des consommateurs en promulguant un intérêt très souvent inexistant. On laisse penser au grand public que ces produits apportent de la vitalité ou de l'énergie. Mais ce n’est pas si simple. »

En effet, comme l’explique l’expert, l’énergie est apportée par des lipides, protéine et glucides. Mais pour assurer cette circulation il faut des micronutriments (vitamines, minéraux et oligo-éléments) en nombre. Ces derniers jouent un rôle clé dans notre organisme. « Ils sont un peu les ouvriers d’une usine. Lorsque l'on manque d'ouvriers, cela va impacter différents fonctionnements de l’organisme. » conclut-il.

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Plutôt faire attention à son assiette que démarrer une cure ?

Pour le nutritionniste, en cas de coup de mou ou de vulnérabilité ressentie, il vaut mieux se concentrer sur son assiette. « Il vaut mieux être attentif au contenu de l’assiette. Si une légère vulnérabilité se fait ressentir, il faudra augmenter l'apport en fruits bio crus (kiwi, agrumes), légumes bio (poivrons, persil...) afin de bénéficier au maximum des vitamines antioxydantes (telle que la vitamines A, C et E) »

Et il ne peut s’empêcher de rajouter  « N’oublions pas, aussi, que les aliments et leurs micronutriments seront toujours mieux absorbés que les compléments alimentaires. » Vous voilà donc averti.

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