
Tac au tac avec Philippe Gloaguen, le boss du guide Routard: «La micro-aventure, c’est la grande mode»

Vous publiez deux Guide du routard intitulés La France à vélo et Micro-aventures en France. Il est loin le temps où on prenait la route pour Katmandou...
(Rire.) Oui, Katmandou, c’était une macro-aventure... La micro-aventure, c’est la grande mode actuellement… C’est découvrir une région avec une activité sportive douce, type canoë- kayak, randonnée ou vol à voile - un sport agréable et très grisant. J’en ai déjà fait, c’est formidable...
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Le voyage aujourd’hui, ce n’est plus Katmandou à l’aventure; le voyage, c’est une industrie...
C’est une industrie, mais surtout c’est une industrie éclectique, vous avez le droit de partir loin et vous avez le droit de faire du vélo à côté de chez vous.
Est-ce qu’on peut encore, sur cette terre, voyager sauvage, sans attache et à l’aventure?
Mais oui, on peut encore voyager dans l’esprit du Guide du routard - en découvrant. On peut encore voyager sans que tout soit figé...
L’esprit du Routard, c’est quand même votre plus belle invention, non?
C’est pas qu’on a inventé grand-chose, mais on l’a inventé au bon moment.
Vous vous êtes inspiré de nos amis les beatniks?
Pas du tout. Les beatniks, c’était des gens qui ne voyageaient pas tant que ça… Je me suis inspiré de guides américains qu’on appelait des “budget guides” et qui expliquaient comment voyager pas trop cher... Il y avait cette notion de budget qui n’existait pas dans les Guide bleu par exemple.
Pendant l’épidémie, comment avez-vous fait pour travailler sur le voyage au moment où on ne pouvait pas voyager?
C’est dur. Ça s’appelle une crise... Mais je n’ai licencié personne durant l’épidémie de Covid, j’ai fait travailler les collaborateurs qui ne pouvaient plus voyager en les rapatriant sur la France.
L’endroit où vous n’êtes jamais allé?
Il y en a plein...
Je suis déçu… Je pensais que vous aviez fait douze fois le tour du monde...
Je ne suis jamais allé en Centrafrique, je ne connais pas la Corée... Mais je suis allé partout ou ça m’intéressait...
L’endroit que vous avez détesté?
Aucun. En revanche, si vous me demandez quel est le plus bel endroit à visiter, je vous dirai qu’il n’y a pas d’endroit merveilleux mais qu’il suffit de partir avec la personne qu’on aime.
Ouh là...
Hé! Ça, c’est beau...
L’endroit où vous avez acheté une maison?
L’île de Ré.
L’endroit où vous avez perdu vos papiers?
À l’aéroport de Tel-Aviv...
Pas bon…
Oui, pas bon… À l’aéroport, je me suis aperçu que j’avais oublié mon passeport à l’hôtel...
L’endroit où vous vous êtes senti en danger?
Paris! Aux Halles en 1973 à 19 heures. Je me suis fait aborder par un drogué, mais j’avais pas d’argent à lui donner… Arrive un flic à vélo qui pose son vélo et lui met un coup de matraque sur la gueule… Le flic me regarde et me dit: “Alors? Qu’est-ce qu’on dit?”
EXPÉRIENCES ET MICRO-AVENTURES EN FRANCE et LA FRANCE À VÉLO, Hachette, 346 p. et 345 p.