
Cinq villes à découvrir pour un city-trip au-delà de nos frontières

Breda, la paisible
Que peuvent avoir en commun le colonel Parker et Vélasquez? Breda. Né dans cette ville néerlandaise du Brabant septentrional, à quelques kilomètres de la frontière belge, le manager d’Elvis Presley s’est empressé de la fuir après y avoir, semble-t-il, commis un meurtre. Quant au peintre espagnol, il peignit La reddition de Breda (1634-1635) qui eut lieu après un long siège espagnol. Le tableau est exposé au Prado à Madrid, mais Breda en entretient la mémoire dans le hall de l’hôtel de ville, avec une reproduction grandeur nature. C’est au Kasteel, la retraite préférée de Guillaume le Taciturne, le père fondateur des Pays-Bas, que l’on s’imprègne le mieux de l’histoire de nos voisins du Nord. L’histoire et ses tumultes s’invitent partout à Breda, une petite ville aujourd’hui très paisible. Et depuis quelques années, sous l’appellation de Blind Walls Gallery, des peintures murales, produites spontanément par des citoyens, racontent autrement la vie de la ville. Ce street art participatif bien de notre temps ravit les riverains et titille la curiosité des visiteurs.
La lecture de votre article continue ci-dessous

Breda, à 1H30 de Bruxelles. © Adobe Stock
Maastricht, l’ancien et le contemporain
Ville mosane et capitale du Limbourg néerlandais, Maastricht, à environ 1h30 de Bruxelles et à 28 km seulement de Hasselt, est la ville le plus au sud des Pays-Bas, auxquels elle sera intégrée en 1839. Si l’on aime s’y balader aujourd’hui avec un bonheur toujours renouvelé, c’est sans aucun doute pour son art de vivre, ses commerces, ses rues piétonnes prises d’assaut dès les premiers beaux jours. Sans occulter l’impact, parfois négatif, des coffee shops. C’est plus particulièrement les restaurants, les bars du Vrijthof, la place la plus importante de la ville, que les Néerlandais et les touristes aiment fréquenter en famille, entre amis. Y débouchent les rues commerçantes en zone piétonnière. Ira-t-on par beau temps faire une incursion dans la basilique Saint-Servais? Ou grimper à la tour de l’église Saint-Jean, 218 marches tout de même, pour ne pas louper la belle vue sur la ville? Sinon, puisqu’on n’en est pas loin, ce serait dommage de rater le Musée de la Photographie du Vrijthof. Intéressant aussi, aux remparts sud, ce chemin de ronde avec ses jolies vues. On y passe devant la statue de d’Artagnan, le pauvre mousquetaire qui décéda ici pendant le siège de Vauban.
Incontournable encore, sur la rive droite, le Bonnefanten Museum et sa haute tour en zinc. Au deuxième étage, une belle collection d’art contemporain y présente par roulement des tout grands, Bruce Nauman, Marcel Broodthaers, David Lynch, Sol LeWitt, Kiefer... Il faudra revenir. À l’occasion peut-être du marché de Noël? Ou pour le Tefaf, en mars, cette foire d’art, la plus grande au monde selon les experts. Pour l’heure, direction le Markt où il fait bon vivre et se désaltérer et retrouver l’envie d’aller traîner dans la Boekhandel Dominicanen, une librairie créée dans une ancienne église dominicaine. Dans le salon de thé, une table en forme de croix.

La Sint-Janskerk à Maastricht. © Adobe stock
Trèves, la seconde Rome
Autre destination, Trèves, à 50 km au nord-est de Luxembourg-ville et à une bonne heure seulement de la frontière belge au départ d’Arlon. Trèves serait la ville la plus ancienne d’Allemagne. Colonie romaine dès le Ier siècle, sa position stratégique au bord de la Moselle, face aux Germains, lui vaudra d’être appelée la “seconde Rome”. Pas étonnant donc que son imposante Porta Nigra, intégrée dès le XIe siècle à une église, soit devenue l’emblème de la ville. Bien conservée, elle est inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco avec huit autres monuments dont la basilique de l’empereur Constantin, édifice non religieux, mais servant à l’époque d’immense aula.
Si Trèves est une ville au passé d’une intéressante richesse, il s’en dégage aussi, lorsqu’on y flâne, une atmosphère paisible, comme le sont souvent les lieux traversés par une rivière, ici la Moselle aux vignobles réputés. Mais l’heure n’est pas encore à la dégustation dans l’un ou l’autre weinstube car il reste pas mal de lieux à découvrir. Par exemple le Dom Sankt Petrus, la cathédrale de Trèves, la plus ancienne église épiscopale d’Allemagne où cohabitent tous les styles. Jeter aussi un coup d’œil admiratif au pont romain, le Römerbrücke, et ses piles de basalte. Il est toujours une voie d’entrée de la ville.
À explorer encore, les thermes impériaux et leurs galeries en sous-sol qui amuseront les enfants. Impressionnantes aussi les Barbarathermen (thermes de Sainte-Barbe). Sur ce site, les guides sont toujours fiers de raconter qu’à l’origine, ces thermes étaient grands comme 7 terrains de foot! Ne pas manquer non plus d’aller jeter un œil à la Karl Marx Haus, la maison natale, en 1818, de l’auteur du Capital. Envie de manger enfin un bout? Au bord de la Moselle, pas loin du centre, dans le Fischerdorf, le quartier des pêcheurs, on a l’embarras du choix.

La Porta Nigra de Trêves. © Adobe Stock
Esch-sur-Alzette, capitale culturelle 2022
À 70 km au sud-ouest de Trèves, Esch-sur-Alzette est, après Luxembourg, la deuxième ville du Grand-Duché. Capitale dite des Terres rouges, en référence au minerai de fer de son sous-sol, elle est aussi en cette année 2022 la capitale européenne de la culture, titre qu’elle partage avec Kaunas en Lituanie et Novi Sad en Serbie. Pour en rester à Esch, c’est sous le slogan de “Remix culture” que cette cité frontalière avec la France, marquée par l’industrie sidérurgique et dont les habitants sont issus de plus de 120 pays, veut démontrer sa profonde mutation. Et sa volonté de devenir un lieu de culture, de technologie de pointe et de créativité. En ce milieu d’année, sur les 130 projets de Esch 2022, plusieurs sont terminés. D’autres s’installent dans la durée ou sont encore à venir. Un tout nouveau sentier de randonnée et une nouvelle piste cyclable nous conduisent à travers le Minett, appelé aussi pays des Terres rouges. À Esch-Belval, la Möllerei, un bâtiment industriel situé au pied des hauts-fourneaux, accueille une nouvelle bibliothèque universitaire. Entre passerelles, poutres et rails de fer, un espace est dédié à l’art numérique. Bien consulter le programme avant de se lancer. Et s’y engouffrer sans tabou tant il reste à réinventer dans cette région qui y croit.

Le quartier rénové de Belval, à Esch-sur-Alzette. © Adobe Stock
Lille, l’incontournable
À moins de 30 km de Tournai, une autre destination frontière nous attend: Lille, dans les Hauts-de-France. Là aussi, il y a tout à voir, à revoir, à vivre et à déguster. Une destination très appréciée des Belges, qui s’y sentent un peu chez eux. Lille ne se découvre pas en un jour. On y va, on y retourne, et on finit par y dénicher “son” bistrot préféré. Les incontournables pour ceux qui n’y ont pas encore leurs marques ou n’y passeraient qu’une journée? Le Vieux-Lille évidemment, avec ses rues pavées, son animation, ses belles maisons polychromées à arcades, leurs volutes, la Grand-Place ou place du Général de Gaulle, “l’enfant de la région”, la Chambre de commerce et d’industrie de style néoflamand (1906-1921) dont le carillon entonne l’air du P’tit quinquin ou encore l’Hymne à la joie.
Un jour n’y suffira pas, mais on reviendra, car ce serait dommage de ne pas faire une incursion au Palais des Beaux-Arts où sont rassemblées des œuvres d’exception, Manet, Monet, Courbet, Rodin... Découvrir aussi le Tripostal, le “Tripo” comme on dit ici. On y acccueille régulièrement des concerts, des soirées. Pour le shopping, cela se passe du côté de la Grand-Place, de la rue Neuve, de la rue de Béthune, au cœur de la zone piétonne. Oui, il faudra revenir!