Tourisme: Bruxelles et le nord de l'Europe bientôt aussi populaires que la Méditerranée ?

La compagnie aérienne TUI réfléchit à étoffer son offre en Europe du Nord qui devrait, selon elle, devenir de plus en plus populaire auprès des touristes.

La Grand-Place de Bruxelles, le 8 juin 2023 ©BelgaImage

L'idylle entre TUI et le Sud est-elle en train de s'effriter? Alors que la compagnie aérienne a dû évacuer en urgence près de 8.000 voyageurs à Rhodes à cause des incendies en Grèce (avec un coût de 25 millions d'euros), le patron de la société allemande, Sebastian Ebel, a annoncé qu'il se tournait de plus en plus vers l'Europe du Nord, y compris vers la Belgique. “Nous nous concentrerons davantage sur ces nouvelles destinations”, fait-il savoir. Une logique qu'il justifie par les conséquences du réchauffement climatique et qu'il partage avec une partie du secteur du tourisme.

"Cela nous donne plus d'opportunités de croissance"

Selon le CEO de TUI, si le tourisme méditerranéen n'est pas immédiatement menacé, "il y aura des changements" à l'avenir et les cartes du tourisme européen pourraient être rebattues. Certes, il y aura toujours des personnes pour partir en Italie, en Espagne ou en Grèce en juillet-août, mais d'autres pourraient revoir leurs plans de vacances.

Ces touristes en quête de fraîcheur pourraient ainsi se tourner vers le Nord, où la chaleur n'atteint pas des sommets comme en Méditerranée. Sebastian Ebel pense ainsi que des destinations vont devenir de plus en plus populaires, à l'instar de la Belgique, des Pays-Bas voire même des pays scandinaves. Il note déjà une augmentation des réservations pour l'automne. D'où la volonté de proposer davantage de destinations à des latitudes moins proches des tropiques. "Cela nous donne plus d'opportunités de croissance", affirme-t-il.

Les touristes vont-ils vraiment faire cap vers le Nord?

Sebastian Ebel n'est pas le seul à penser de cette façon. Moody's explique ainsi dans une note que l'attractivité du sud de l'Europe devrait baisser avec la répétition des canicules. Ces dernières pourraient "au moins réduire la demande en été, avec des conséquences économiques négatives".

De plus en plus de professionnels du secteur touristique adhèrent également à cette analyse. "Le réchauffement climatique va rendre des destinations de moins en moins fréquentables. Toute la Méditerranée est concernée alors qu'elle est la principale destination des voyagistes européens", suppose par exemple le PDG de Voyageurs du monde, Jean-François Rial, auprès de la RTBF.

Mais tout le monde n'est pas d'accord sur ces prévisions, notamment dans le Sud. En France, Didier Arino, dirigeant du cabinet de conseil Protourisme, juge que "pour leurs vacances, les gens ne rêvent pas de destination fraîche, ils veulent du beau temps". À l'inverse, Pierre Coenegrachts, de l'agence régionale de tourisme en Wallonie, remarque que la recherche en lieux frais "revient régulièrement dans les demandes des visiteurs".

Aujourd'hui, le débat entre ces deux camps n'est pas tranché. "Quand je lis ce que les scientifiques disent sur le changement climatique, il est probable que davantage de touristes viennent à Bruxelles dans les années à venir. Mais nous n’en avons pas encore la preuve", précise pour sa part Jeroen Roppe, porte-parole de Visit Brussels à 7sur7, bien qu'il rappelle que Bruxelles est déjà populaire auprès des Italiens et des Espagnols.

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