
L’un des plus beaux jardins de roses d’Europe se situe à quelques kilomètres de Bruxelles: une visite extraordinaire

Quel est le point commun entre la reine Mathilde, le cardinal de Richelieu, Johann Strauss, Amélie Nothomb et Louis de Funès? Ces personnalités ont chacune une rose qui porte leur nom. Et ces roses peuvent être admirées dans la roseraie du parc Coloma où elles cohabitent avec près de 3.000 autres variétés. Sur quinze hectares, c’est le plus vaste écrin du royaume dédié à la reine des fleurs et ouvert au public jusqu’au 30 septembre. Postée à l’entrée, voici la maîtresse des lieux, la rose Coloma. “C’est une fleur simple de couleur jaune abricot au départ qui évolue ensuite vers le blanc avec quelques touches de rouge”, explique Jurgen Van der Cruijssen, en charge des espaces verts au sein de l’Agence Nature et Forêts de la Communauté flamande. “Le célèbre rosiériste belge Martin Vissers a créé cette variété très résistante spécialement pour notre roseraie.”
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Cette présentation faite, pénétrons dans le sanctuaire… Il s’organise en plusieurs jardins. Le premier, le plus ancien (sa création remonte à 1995), a été dessiné selon un schéma très géométrique, référence au parc de style français qui entourait jadis le château Coloma voisin de la roseraie. Entre les haies de buis fleurissent exclusivement des roses rouges ou blanches. Pourquoi le choix de ces couleurs? Car c’étaient celles de la baronnie Roose (avec deux “o” s’il vous plaît) dont dépendait jadis Leeuw-Saint-Pierre. En surplomb, le deuxième jardin accueille des cultivars créés par des sélectionneurs flamands et primés lors de grands concours. Louis Lens, à qui l’on doit notamment le rosier Pascali, est assurément le plus connu d’entre eux. L’homme avait acquis une réputation mondiale et une sélection représentative de ses créations est intégrée dans cet espace. En point d’orgue, une vaste pergola, couverte de roses vous l’aurez deviné.
Rosa Alba, Rosa Gallica
Le troisième jardin se présente sous la forme d’un livre d’histoire florale à ciel ouvert. Voici, par exemple, la Rosa Alba et la Rosa Gallica, très populaires dès l’Antiquité. Les Romains adoraient ces fleurs. Pline l’Ancien leur consacra d’ailleurs un chapitre dans son Historia naturalis - c’est à lui que nous devons le premier catalogue de roses, qui comprenait 13 variétés. Aux côtés de ces roses “millénaires”, des roses de Damas, des roses Bourbon, des roses de Chine… Autant de variétés qui ont joué un rôle central dans les processus de sélection ayant abouti aux roses modernes.

© BelgaImage
D’hier à aujourd’hui, le quatrième jardin couvre plus de deux hectares et est le plus vaste de la roseraie. Il présente une sélection de rosiers issus de pays d’Europe et d’Amérique du Nord. Plus de parterres géométriques ici, mais un aménagement paysager de style anglais intégrant des éléments décoratifs des différentes nations. “Les espaces dévolus à la France et l’Allemagne sont les plus vastes car ces pays ont une longue et prolifique tradition de création de roses”, souligne Jurgen Van der Cruijssen. Mais qu’en est-il des Pays-Bas alors, pays de fleurs par excellence? “Les Hollandais ont créé de nouvelles variétés, poursuit notre guide, mais ils jouent surtout un rôle de premier plan dans la production et le commerce des roses. La majorité des rosiers achetés dans le commerce proviennent de là-bas, et plus particulièrement de la région de Lottum.” Dans ce quatrième jardin, les roses d’Italie et d’Espagne apportent leurs touches méditerranéennes, celles de Bulgarie sont surtout cultivées pour la confection de parfums… En contrebas, on trouve l’espace dédié aux roses sur tige, avec pas moins de 250 variétés regroupées par couleur. La visite s’achève sur des notes résolument orientalistes avec les jardins chinois et japonais. Le premier abrite une collection unique de rosiers de l’Empire du Milieu qui ont largement contribué à la création des variétés que nous connaissons aujourd’hui. Sans ces roses chinoises, les roses modernes ne fleuriraient qu’une fois par an. Le second montre de merveilleuses fleurs aux tons pastel, même si un hiver particulièrement rigoureux lui a porté un rude coup...
Des jardins en évolution
La roseraie est un espace vivant qui se transforme au fil des ans. Pour plusieurs motifs: le changement climatique, l’interdiction d’usage des pesticides, mais aussi le cycle de la nature. Un rosier ne s’exprime pleinement qu’une quinzaine d’années. “Tout ceci fait que certaines variétés jadis présentes dans nos jardins ont aujourd’hui disparu, notent les gestionnaires. On privilégie désormais celles qui allient d’excellentes qualités de croissance et de floraison à une haute résistance aux maladies les plus fréquentes que sont la rouille, le mildiou ou la fumagine. L’entretien et la composition des jardins font l’objet d’une réflexion permanente.” Le résultat est là, tout simplement magnifique. À l’issue de la visite, vous n’aurez qu’une envie: vous précipiter chez un pépiniériste pour démarrer ou compléter votre propre jardin de roses. Car arpenter la Roseraie Coloma est une expérience enivrante…
ROSERAIE COLOMA, jusqu’au 30/9. Rue Joseph Depauw 25, 1600 Leeuw-Saint-Pierre. Entrée gratuite. www.toerismevlaamsbrabant.be